3.3. La persistance de l’approche figurative et artistique.

La formulation tardive des méthodes de levé topographique montrait les difficultés instrumentales et pratiques pour développer une géométrisation partielle de la représentation du relief. Les principes généraux édictés par la Commission de topographie de 1802 et repris sans études plus précises par la Commission royale en 1817 s’avérèrent particulièrement délicats à mettre en œuvre dans le levé topographique, mais aussi dans la représentation cartographique proprement dite, aux étapes de mise au net, de dessin et de gravure. La cartographie était encore vue comme une activité en partie artistique, dans laquelle la figuration jouait un rôle important. L’effort de géométrisation qu’avait confirmé la Commission de 1802 remettait en cause des pratiques anciennes, autant dans la réalisation des cartes que dans leur utilisation, c’est-à-dire leur lecture. Une majorité des cartographes restait attachée à une figuration la plus expressive possible. La carte de France s’inscrivait ainsi dans le contexte particulier du début d’une mutation conceptuelle fondamentale, de la figuration à la géométrisation, de la perception fixiste à la perception utilitariste. Les différentes approches de la représentation du relief soulevèrent une longue controverse autour de la direction de l’éclairage à appliquer pour rehausser les hachures. Une commission réunie entre 1826 et 1828 apporta finalement une réponse qui se voulait une précision des principes de représentation du relief adoptés par la Commission de 1802, mais qui prit la forme d’un compromis sur la question de l’éclairage pour la carte de France. Dans les étapes plus spécifiquement cartographiques des travaux de la carte de France, les problèmes posés par l’hétérogénéité des levés favorisèrent la persistance d’une approche artistique et figurative dans le dessin et la gravure de la carte.