3.3.1.2. Les différents systèmes en application.

Alors que les principes de représentation cartographique posés par la Commission en matière d’échelles, de signes conventionnels, d’écriture et même d’utilisation des hachures normalisées furent globalement respectés dès 1802, son indécision en matière d’éclairage laissa la place au développement de différents systèmes. Deux camps s’opposaient autour d’approches différentes : d’un côté, les partisans d’une représentation géométrique plus neutre et rationnelle défendait l’éclairage zénithal (ou vertical) dans lequel la teinte des pentes ne dépendait que de leur inclinaison ; d’un autre côté, les partisans d’une représentation plus naturelle et expressive privilégiait l’éclairage oblique dans lequel la teinte variait aussi avec l’orientation des pentes, comme sur un plan relief observé à la verticale.

La Commission ne s’étant pas prononcée clairement, les deux écoles co-existèrent jusqu’à la fin des années 1820. L’éclairage oblique défini par la Commission fut utilisé à l’école Polytechnique, à l’école de Saint-Cyr et au Dépôt de la guerre, mais principalement pour des cartes manuscrites. L’école de l’Artillerie et du Génie à Metz adopta l’éclairage vertical, reconnu par la Commission interministérielle de 1807 sur les programmes. Mais au Dépôt de la guerre même, un certain nombre d’ingénieurs géographes ralliés derrière Bonne défendaient et utilisaient aussi l’éclairage vertical.

La situation fut compliquée par l’apparition et l’adoption de systèmes dérivés des deux types d’éclairage. Le système dit « loi du quart », imaginé par l’ingénieur géographe Benoît, consistait à tracer les hachures avec un espacement égal au quart de leur longueur, c’est-à-dire au quart de l’équidistance des courbes de niveau sur lesquelles les hachures s’appuyaient – et donc au quart de la cotangente de l’angle de la pente. Adoptée à l’école d’état-major au moment de sa fondation en 1818, la loi du quart devint rapidement le système généralement utilisé pour le dessin des hachures. L’ingénieur géographe Bonne le modifia en créant un diapason de teintes servant de modèle pour déterminer l’espacement des hachures, dans lequel les hachures les plus courtes étaient dessinées avec une épaisseur supérieure à celle dictée par la loi du quart afin d’accentuer l’impression de relief. La loi du quart et le diapason de Bonne, qui faisaient tous deux varier la quantité globale de noir (par la répétition des traits ou leur grossissement) uniquement en fonction de l’espacement des courbes, donc de l’angle de la pente, étaient assimilables à un éclairage vertical appliqué plus géométriquement qu’artistiquement.