3.3.1.3. La controverse inachevée de 1817-1818.

Les différentes méthodes employées donnèrent lieu à de vives discussions autour de la Commission royale entre 1817 et 1818, déclenchées quand le général Berge, commandant de l’école de Metz, tenta en vain de faire adopter l’éclairage vertical à l’école Polytechnique pour accorder les formations des officiers.

Louis Puissant, toujours préoccupé de la « perfection » scientifique et même artistique de la carte, et Chrestien de La Croix, chef du bureau topographique au ministère des Relations extérieures, défendaient ardemment l’éclairage oblique pour son rendu plus expressif et naturel des grandes masses et des accidents particuliers du terrain. Ils mettaient en avant l’impossibilité sur une carte topographique générale de représenter géométriquement tous les accidents du terrain comme sur un plan détaillé, et donc la nécessité de mettre en valeur les accidents les plus importants349. Face à eux, le général Berge et le colonel Bonne, plus pragmatiques, se prononçaient vivement pour l’éclairage zénithal qui par sa nature uniforme respectait mieux la représentation géométrique du terrain et s’avérait plus facile à appliquer et à formaliser, même s’ils reconnaissaient qu’il rendait moins bien les reliefs très accidentés350.

Pour autant, tous les protagonistes reconnaissaient que la représentation purement géométrique, basée sur des hachures sans éclairage, donnait des cartes plates et sans relief, peu lisibles. Ils reconnaissaient également que le talent des dessinateurs et des graveurs permettait toujours de réaliser des cartes agréables à l’œil, quel que soit l’éclairage adopté, comme en témoignaient les exemples avancés par les deux camps.

Bien que les argumentations pour les deux types d’éclairage se soient affirmées, notamment avec la publication de brochures spécialement dédiées à cette question, la controverse ouverte en 1817 ne fut pas tranchée. En 1818, au moment où lui étaient présentés les mémoires de Puissant et de Bonne, la Commission spéciale du Dépôt de la guerre adopta une position tout aussi indécise que la Commission de 1802, en se prononçant à la majorité de ses membres pour le maintien des principes édictés par celle-ci – des principes qui dans ce cas précis ne favorisaient que mollement l’éclairage oblique. Repoussant à nouveau la question, la Commission spéciale affirmait simplement que ces principes devraient être adaptés après les premiers essais.

Notes
349.

PUISSANT Louis Colonel. Observations sur la méthode adoptée en topographie pour figurer le terrain. Paris : Imprimerie de Vve Courcier, [1817], 8 p.

350.

BONNE Chevalier. Considérations sur l’emploi de la lumière et des ombres, pour exprimer le relief du terrain dans les cartes topographiques. Paris : F. Didot, 1817.

Sa thèse fut également présentée dans PUISSANT Louis Colonel. Observations sur les diverses manières d’exprimer le relief du terrain dans les cartes topographiques, suivies d’une réfutation du mémoire de M. le Chevalier Bonne sur le même sujet. Paris : Imprimerie de Vve Courcier, 1818, 32 p.