Même si son objet concernait l’ensemble des travaux topographiques et cartographiques, la Commission de 1828 avait été explicitement formée pour régler les problèmes de représentation du relief de la carte de France. J’ai déjà souligné l’impact de ses décisions sur les méthodes de levé topographique employées par les officiers d’état-major, qui ne furent finalement formalisées qu’après 1851355.
Dans la pratique, le Dépôt de la guerre n’adopta pas tous les principes édictés par la Commission, afin de privilégier une représentation plus expressive du relief. La Commission avait réglé le problème de l’éclairage en rejetant purement et simplement cet artifice. Pourtant, la controverse autour de cette question entre 1817 et 1818 n’avait abouti qu’à une affirmation : pour tous les officiers concernés, l’absence d’éclairage donnait des cartes plates et peu expressives. Le Dépôt de la guerre demanda et obtînt donc le droit d’utiliser un diapason mis au point par Bonne pour la gravure de la carte de France. Celui-ci faisait varier l’épaisseur des hachures en fonction de la pente afin de donner plus de vigueur aux reliefs peu accidentés et d’éviter l’assombrissement des reliefs très accidentés : strictement lié à la pente et non à l’orientation du relief, ce diapason constituait un système rapide d’éclairage zénithal. Son adoption pour la carte de France marqua d’ailleurs la fin de l’utilisation de l’éclairage oblique en France.
Je considère que la représentation du relief finalement adoptée pour la carte de France marquait une géométrisation partielle du relief. La représentation en hachures normalisées était certes géométrique dans ses principes de base, édictés par la Commission de 1802 et confirmés par la Commission de 1828 : base géodésique des cotes d’altitude, courbes équidistantes, espacement des hachures selon la loi du quart. Mais les difficultés liées aux méthodes de levé topographique et la persistance d’une volonté figurative dans la représentation du relief limitaient cette géométrisation dans la pratique, particulièrement pour la carte de France. Le tracé des courbes resta longtemps plus approximatif que ne le prévoyaient les commissions, en favorisant l’observation directe sur la mesure, et l’adoption d’un diapason confirmait le manque d’intérêt pour une représentation véritablement géométrique du relief, c’est-à-dire non seulement basée sur des mesures mais permettant aussi des mesures directes sur la carte.
Cette limitation de la géométrisation par une tendance figurative se retrouvait dans les étapes de dessin et de gravure, qui laissaient encore une place importante à l’approche artistique du travail cartographique.
Voir supra, partie 1, chapitre 3.2.3.1.