4.2.1. L’assouplissement de la pratique.

4.2.1.1. La triangulation complémentaire sous une autorité militaire moins exigeante.

Les opérations géodésiques de 2e et 3e ordre, dites triangulations complémentaires, avaient pour but de remplir les triangles de 1er ordre et de fournir aux topographes une partie des points cotés qui leur servaient à extrapoler les courbes de niveau sur lesquelles s’appuyait le tracé des hachures. Elles furent exécutées au fur et à mesure des besoins topographiques, uniquement par d’anciens ingénieurs géographes – sauf pour les régions annexées en 1859.

Ces opérations n’intéressaient que modérément les savants dont les préoccupations scientifiques se focalisaient surtout sur les résultats de la géodésie primordiale. Elles furent donc menées sous l’influence prépondérante des militaires, dont l’exigence scientifique moindre modifiait profondément les conditions de travail. Le rendement demandé aux officiers restait important, puisqu’un chef et son adjoint devait trianguler en une campagne l’équivalent d’une feuille au 1 : 80 000, d’autant plus que le nombre de stations à effectuer était plus élevé que pour le 1er ordre. Mais le travail semble avoir moins marqué les officiers, puisqu’il ne reste aucune trace de plaintes aussi systématiques que lors des campagnes de géodésie primordiale.

Les instruments employés étaient d’un maniement plus facile : les théodolites de Gambey de vingt-deux centimètres de diamètre permettaient des mesures plus rapides et moins fastidieuses que les cercles répétiteurs. La méthode elle-même, moins marquée par les préoccupations scientifiques, était plus souple. Sous l’influence des militaires, la diminution de l’échelle des levés du 1 : 10 000 au 1 : 40 000 entraîna une diminution du nombre de points à déterminer pour le 2e et le 3e ordre, que l’instruction de 1823 laissait à la seule appréciation de l’ingénieur. Le Dépôt de la guerre n’exigeait pas non plus la même régularité dans la répartition des sommets que pour le 1er ordre. Disposant d’une plus grande liberté, les officiers pouvaient choisir les sommets de leur triangle en fonction des difficultés d’accès prévisibles. Certes, ils devaient toujours stationner aux sommets de 1er ordre, mais l’expérience accumulée leur donnait un avantage sur leurs prédécesseurs.