4.2.1.3. Le renouvellement de la direction.

Si l’assouplissement de la pratique était en partie dû au désintérêt des scientifiques pour la triangulation complémentaire et à la moindre exigence de précision des militaires, il fut également facilité par un certain renouvellement de l’encadrement, et par l’arrivée à des postes de direction au Dépôt de la guerre d’ingénieurs géographes qui avaient participé aux opérations de 1er ordre sur le terrain. A partir des années 1840, les Brossier, Bonne, Puissant ou Lapie furent peu à peu placés dans le cadre de réserve et cédèrent la place à des officiers plus jeunes. Le colonel Coraboeuf, qui avait exécuté une partie de la triangulation de 1er ordre des Pyrénées, devint ainsi l’adjoint de Puissant à la tête de la section de la carte de France de 1838 à 1843, avant de le remplacer entre 1843 et 1851, secondé à partir de 1850 par son ancien collègue des Pyrénées, Hossard. A partir de 1851, le lieutenant-colonel Peytier, qui avait lui aussi triangulé les Pyrénées, prit la tête du service de géodésie, topographie, dessin et gravure au sein du service des états-majors. Il est facile de penser que ces anciens ingénieurs géographes jouèrent un rôle essentiel dans la prise en compte des difficultés des opérations en haute montagne.

Ce fut donc dans un contexte très différent de celui des opérations de 1er ordre que les travaux de triangulation de 2e et 3e ordre furent exécutés dans la région des Alpes entre 1843 et 1854 – à l’exception de la feuille de Grenoble qui avait été triangulée précédemment. La triangulation des feuilles de Digne et de Saint-Martin-Vésubie achevait en 1854 les travaux géodésiques de la carte de France, du moins jusqu’à l’annexion en 1859 de la Savoie et du Comté de Nice. Ils furent suivis par les levés topographiques, qui connurent également des adaptations aux conditions du travail en haute montagne.