4.2.3. L’urgence des opérations en Savoie et dans le Comté de Nice.

4.2.3.1. Une urgence politique.

L’annexion de la Savoie et du Comté de Nice en 1859, à la suite de la campagne d’Italie, fut l’occasion d’intégrer ces régions à la carte de France dont les levés alpins étaient sur le point de s’achever. Comme toutes les zones étrangères des régions frontalières, la partie de ces territoires couverte par le découpage original de la carte n’était représentée qu’approximativement, avec seulement les principales lignes de la planimétrie Je pense que la diligence avec laquelle le Dépôt de la guerre organisa et lança les travaux topographiques dans ces régions constitue un parfait exemple du rôle politique et symbolique crucial de la cartographie. La campagne géodésique de 2e et 3e ordre commença en 1861, moins de deux ans après l’annexion, et les levés topographiques s’achevèrent trois ans après, en 1864. La présence des officiers de la carte de France dans la région justifiait en partie l’urgence de ces travaux, mais la principale raison était évidemment politique : cartographier un territoire, c’est se l’approprier, lui imposer son ordre politique et ses divisions administratives.

Cette urgence politique entraîna une série d’adaptations radicales des méthodes utilisées habituellement pour la carte de France, tant au niveau géodésique que topographique, au point que la zone ainsi couverte fut considérée comme l’un des points faibles de la carte.