1.1.2.3. Le Mont Blanc.

A partir de 1780, les tentatives d’ascension du Mont Blanc se firent de plus en plus pressantes, jusqu’à la victoire en 1786. Popularisé auprès du public cultivé par de nombreux ouvrages, le Mont Blanc prit alors une place de plus en plus importante dans l’iconographie. Les visiteurs venaient voir le plus haut sommet d’Europe et repartaient avec sa représentation, agrémentée par les multiples récits des ascensions. Les images de la montagne se multiplièrent alors et des artistes sortirent de l’ombre : Jean-François Albanis Beaumont, Louis Bacler d’Albe, Jean-Antoine Linck et son frère Jean-Philippe, Marquardt Wocher.

L’archétype iconographique était bien fixé, fondé sur la description de Saussure soulignant « le contraste étonnant de ces frimas avec la belle verdure qui couvre les coteaux et les basses montagnes »443, souvent accentué par la présence de personnages et d’animaux au premier plan. L’atmosphère de calme et de sérénité dominait alors les représentations, en partie parce qu’elles avaient pour but d’attirer les visiteurs dans les montagnes. Seul Jean-Antoine Linck retrouva dans certaines œuvres l’opposition d’affreux et d’agréable illustrée chez Pars, allant jusqu’à supprimer parfois la présence humaine. En représentant les crevasses et les « monts affreux » des premiers voyageurs, il en exaltait la sévère beauté et préfigurait les grands peintres romantiques444.

Notes
443.

Cité par JOUTARD Philippe. Ces monts affreux… In Mont-Blanc, conquête de l’imaginaire, op. cit., p. 60.

444.

Sur l’iconographie, voir Mont-Blanc, conquête de l’imaginaire. Op. cit.