1.3. L’excursionnisme cultivé.

Jusqu’au milieu du 19e siècle, l’intérêt littéraire ou scientifique pour la montagne ne se différenciait pas vraiment de son exploration, mais celle-ci restait limitée aux régions les plus accessibles. Si les savants naturalistes s’aventuraient dans la moyenne montagne pour récolter leurs échantillons, l’élite cultivée se contentait d’admirer de loin l’« horreur sublime » des hautes montagnes ou de goûter dans les vallées et les premiers contreforts le pittoresque de la vie montagnarde. Saussure dans les Alpes ou Ramond dans les Pyrénées faisaient figure d’exception. L’indifférence presque totale, si ce n’était l’étonnement des populations locales, dans laquelle les officiers d’état-major effectuèrent leurs multiples ascensions pour la triangulation des zones montagneuses dans la première moitié du 19e siècle, illustrait parfaitement le désintérêt des contemporains pour la conquête des hauteurs. Mais une trentaine d’années plus tard, dans les années 1850 et 1860, la surprise et l’admiration que provoqua la découverte des traces laissées par ces officiers sur des sommets jugés inaccessibles et invaincus, marquaient l’essor d’une nouvelle approche de la montagne, dans laquelle l’ascensionnisme avait pleinement sa place. Désignée pyrénéisme ou alpinisme en France selon les chaînes dans lesquelles elle s’exerçait, cette approche se traduisit rapidement sous la forme institutionnelle des clubs alpins. Encore réservée à une élite cultivée, elle prit une forme originale, mélange de découvertes scientifique, touristique et littéraire, qu’Olivier Hoibian désigne par le terme d’« excursionnisme cultivé »500, et qui connut un développement important en France au sein du Club alpin français (CAF).

Notes
500.

HOIBIAN Olivier. Les Alpinistes en France. Op. cit.