Dans la deuxième moitié du 19e siècle, le milieu émergeant des alpinistes était constitué par un groupe réduit de nationalités. Les Anglais étaient largement majoritaires, les mutations sociales plus précoces dans leur pays ayant permis le développement d’une culture des loisirs, notamment sportifs, au sein de l’élite formée par l’aristocratie ancienne et la haute bourgeoisie récente. Le reste des premiers alpinistes était principalement formé par des Italiens, des Autrichiens, des Allemands, des Suisses et des Français.
Dans la même dynamique qui vit se créer et se développer les associations sportives dans les nations modernes au cours du 19e siècle, l’alpinisme connut une institutionnalisation rapide après le début de son essor dans les années 1850. En ce domaine, l’Angleterre était encore en avance sur les autres pays : l’Alpine club fut créé le 4 août 1857 à Londres, sur la base d’un recrutement très aristocratique et de la tradition ancienne du club, et il rassembla rapidement tous les alpinistes anglais dits « victoriens » qui participaient à la découverte des Alpes et à la conquête de leurs sommets. A sa suite, de nombreux clubs alpins furent créés dans les pays d’alpinisme : l’Österrichischer Alpenverein (ÖAV) en 1862, le Club alpin suisse (CAS) en 1863, le Club alpino italiano (CAI) en 1863 également, le Deutscher Alpenverein (DAV) en 1869, qui fusionna avec l’ÖAV en 1873 pour former le Deutscher Österrichischer Alpenverein (DÖAV), le Club alpin français (CAF) en 1874. D’autres pays moins traditionnellement liés au développement de l’alpinisme connurent aussi la création de clubs alpins aux effectifs moindres que les grands clubs déjà cités : la Belgique en 1883, la Nouvelle-Zélande en 1891, la Russie en 1898, les Etats-Unis en 1903 (des clubs locaux existaient dans les Appalaches dès 1876 ou à San Francisco), le Canada et le Japon en 1906, l’Espagne en 1908534.
HOIBIAN Olivier. Les Alpinistes en France. Op. cit., p. 10.