2.1.3.1. L’abandon tardif de la perspective cavalière.

La perspective cavalière cessa d’être utilisée plus tardivement dans la cartographie indépendante que dans la cartographie officielle : elle ne fut définitivement abandonnée qu’au milieu du 19e siècle, alors que les militaires ne l’employaient plus depuis la fin du 18e siècle, même si son rejet « officiel » date de la Commission de topographie de 1802. Le dernier exemple d’emploi de la perspective cavalière dans une carte de savant se trouvait dans la Carte représentant le plateau du Mont Blanc qui accompagnait la Théorie des glaciers de Savoie du chanoine Rendu (1840)570. Dressée d’après les livres de Saussure, elle reprenait la représentation perspective employée par Pictet sur les cartes qui accompagnaient ceux-ci, mais certaines zones de moyenne montagne étaient représentées par des hachures figuratives proches de la projection horizontale. Cette carte n’est incluse dans mon corpus qu’en raison de sa date de publication, comme dernier exemple de la tradition cartographique des savants du 18e siècle. Mais elle témoigne du décalage entre la cartographie officielle militaire et la cartographie indépendante, dans laquelle l’approche purement figurative qu’incarnait la perspective cavalière571 persista sous d’autres formes jusqu’à la fin du 19e siècle.

Notes
570.

Echelle approximative : 1 : 100 000, 21 x 18 cm. Corpus F_1950. Corpus : feuille id 1950.

571.

Dont l’emploi témoignait aussi des orientations scientifiques des savants, voir supra, partie 2, chapitre 1.2.2.3.