2.2. Naissance du « topographe-alpiniste » dans les Pyrénées : la prédominance de l’approche figurative.

Dans le dernier quart du 19e siècle, la multiplication des cartes indépendantes couvrant les mêmes massifs touristiques soulignait l’insatisfaction chronique et le nouveau besoin des alpinistes en cartes de haute montagne. Entre une cartographie officielle encore focalisée sur les nécessités militaires et administratives qui négligeait la représentation des régions montagneuses et une cartographie indépendante dominée par l’approche figurative et artistique s’affirma une figure originale, parfait exemple de l’excursionnisme cultivé : le topographe-alpiniste. Le terme semble avoir été adopté par Henri Vallot au début du 20e siècle, sans toutefois s’imposer, mais les premiers topographes-alpinistes étaient en fait des pyrénéistes qui, à la suite de Franz Schrader (1844-1924), commencèrent à dresser des cartes détaillées de la chaîne pyrénéenne après 1874. Le vocable témoigne encore de la généralisation du nom d’alpiniste au début du 20e siècle pour qualifier toute activité d’ascensionnisme, quelque soit la chaîne dans laquelle elle était pratiquée, mais aussi de l’ampleur supérieure des travaux topographiques exécutés par de véritables alpinistes – c’est-à-dire dans les Alpes. Quant à l’activité des topographes-alpinistes elle-même, son développement fut principalement déterminé par la réaction des ascensionnistes à la publication des premières feuilles de la carte de France consacrées aux régions de haute montagne, qui se manifesta d’abord par une critique de plus en plus systématique, avant de se transformer en une volonté de dresser eux-mêmes des cartes plus adaptées à leurs besoins. Véritable fondateur de la figure du topographe-alpiniste, Franz Schrader se distingua des précédentes réalisations de la cartographie indépendante par la mise en œuvre d’une méthode de levés topographiques simple et rapide pour favoriser le travail sur le terrain difficile de la haute montagne. Mais malgré cette orientation un peu plus technique, les premières cartes des « topographes-pyrénéistes » restaient encore dominées par l’approche figurative, dans le but de glorifier les montagnes par leur représentation cartographique expressive.