2.2.3. La persistance de l’approche figurative.

2.2.3.1. Levé à l’orographe et sens du terrain.

Dans sa présentation de la méthode du levé à l’orographe, Franz Schrader mettait en avant sa dimension géométrique, comme pour justifier de sa valeur topographique et scientifique. Il la considérait même comme supérieure à la méthode de tracé des courbes au jugé employée pour les levés de la carte d’état-major, la visée continue exécutée à l’orographe permettant une reproduction plus fidèle du terrain au bureau – donnant cette qualité « anatomique » que le colonel Goulier avait trouvé à la carte des Pyrénées au 1 : 100 000593.

Pourtant, les résultats obtenus par d’autres opérateurs comme Wallon ou de Saint-Saud n’étaient pas aussi convaincants que les levés de Schrader lui-même. Léon Maury, officier d’artillerie très impliqué dans le Club alpin français594, reprocha à Schrader de sous-estimer l’importance du « sens du terrain » au profit de la géométrie dans les levés à l’orographe, alors que lui-même en était doté « au plus haut point »595. Si ses cartes furent unanimement reconnues comme supérieures à celles des autres pyrénéistes pourtant dressées avec les mêmes méthodes, c’était parce que Schrader exploitait son sens artistique pour donner une représentation expressive du terrain.

Notes
593.

SCHRADER Franz. Note sur l’orographe. Op. cit.

594.

Voir infra, partie 3, chapitre 1.1.

595.

Cité par MAURY Colonel Léon, L’œuvre scientifique du CAF. Op. cit., p. 42.