2.3. L’affirmation de l’approche géométrique dans les Alpes : l’influence d’Henri et Joseph Vallot.

Jusqu’à la fin des années 1880, l’activité topographique des ascensionnistes était restée limitée à la chaîne pyrénéenne, sous l’unique influence de Franz Schrader et de son approche encore fortement figurative de la cartographie de haute montagne. Au cours de la dernière décennie du 19e siècle, Henri et Joseph Vallot inaugurèrent les premiers travaux topographiques d’ascensionnistes dans les Alpes : ils jouèrent un rôle équivalent à celui de Schrader dans les Pyrénées, en introduisant et fédérant une activité dont Henri Vallot désigna les pratiquants par le terme de topographe-alpiniste. Mais au contraire de Franz Schrader, les Vallot privilégièrent une approche géométrique et scientifique qui s’incarna dans l’ambitieux projet d’une nouvelle carte du massif du Mont Blanc au 1 : 20 000, caractérisé par une volonté d’originalité dans tous les domaines de l’activité cartographique, depuis les données géodésiques et les levés topographiques jusqu’aux méthodes employées elles-mêmes. Restée partiellement inachevée, leur carte marquait les limites des besoins réels des savants et des touristes, mais aussi l’instauration durable d’une tendance scientifique dans le milieu des topographes-alpinistes.