3.1.2.2. L’autonomie nécessaire au travail cartographique.

Jusqu’en 1875, le Dépôt de la guerre ne subissait qu’indirectement la réorganisation de l’armée et aucun changement ne concernait sa structure même. J’interprète simplement les modifications successives de sa place dans l’organigramme de l’administration militaire comme de nouvelles occurrences des hésitations traditionnelles dans son rattachement au département de la Guerre642. J’estime qu’elles traduisaient d’ailleurs toujours la même incapacité des autorités militaires à trancher entre leur conception fixiste de la carte et la reconnaissance des spécificités du travail cartographique.

Certains officiers du Dépôt commençaient pourtant à soulever plus ouvertement le problème de l’autonomie nécessaire à l’activité cartographique. En particulier, le capitaine Perrier, jeune géodésien prometteur, membre du Bureau des longitudes puis de l’Institut, militait depuis 1872 pour que soient réunies au sein d’un même organisme toutes les activités cartographiques – et elles seules. Le contexte se prêtait bien au retour d’un tel projet. La pénurie de cartes pendant la guerre et les problèmes posées par les premières opérations de révision de la carte de France643 soulevaient des questionnements sur les moyens d’accroître l’efficacité du travail cartographique. Au Dépôt de la guerre, suffisamment d’officiers étaient convaincus de la spécificité de ce travail pour que s’impose une tendance favorable à l’autonomie du Dépôt au sein de l’état-major.

En 1876, les activités cartographiques étaient finalement et définitivement séparées du Service historique, même si ce dernier demeurait au sein du Dépôt de la guerre. Après la suppression du corps d’état-major en 1880, un décret du 25 octobre 1881 transformait le 5e bureau de l’état-major en une Sous-direction du Dépôt de la guerre, composée de quatre bureaux : géodésie ; topographie, gravure et atelier ; archives et bibliothèques ; comptabilité et vente de cartes. Le 10 janvier 1882, Perrier, récemment promu lieutenant-colonel, remplaçait le colonel Bugnot comme sous-directeur644.

Notes
642.

Voir supra, partie 1, chapitre 2.3.1.2.

643.

Voir infra, partie 2, chapitre 3.2.1.

644.

Le SGA. Op. cit., p. 48.