3.1.3.2. Le type 1889 comme réponse aux limites de la zincographie.

La zincographie ne faisait que reporter le problème de l’usure des cuivres. Il était envisageable d’effectuer régulièrement de nouveaux reports sur zinc à partir des cuivres, mais puisque, pour les épargner, ceux-ci n’étaient plus tenus à jour, il aurait fallu à chaque fois reporter sur les nouveaux zincs toutes les révisions précédentes. Pour permettre d’augmenter les tirages en réponse à la nouvelle orientation utilitariste, le Dépôt de la guerre adopta une solution intermédiaire : produire une nouvelle édition sur cuivre mise à jour (par le procédé américain) et réaliser à partir de celle-ci une édition zincographique en report.

Décidée en 1889, l’édition corrigée des cuivres fut donc appelé « type 1889 ». Le processus était long et délicat (encadré 3), mais la nouvelle édition avait de nombreux avantages. Elle assurait la conservation des planches-mères en cuivre qui n’étaient utilisées qu’une fois pour la reproduction, mais gardait les avantages de la taille-douce : qualité supérieure des corrections, tirages plus lisibles et subtiles. Le format en quart de feuille permettait d’économiser du métal avec des planches moins épaisses et du temps avec une plus grande division du travail de gravure. Le principal défaut de l’édition en taille-douce était de ne pas permettre une application aussi rapide des corrections que l’édition zincographique.

Encadré 3 : Détails sur les techniques de reproduction cartographique.
Procédé de réalisation du type 1889.
Des marchés de gravure séparés étaient passés pour « l’effaçure » et pour les reprises et additions. Cette dernière étape demandait l’emploi de graveurs particulièrement expérimentés pour redonner toute l’homogénéité possible à la planche : ils travaillaient soit au burin, soit par morsure à l’acide azotique ou au perchlorure de fer, plus net et plus précis. Pour augmenter la vitesse de gravure et faciliter le travail, le format de quart de feuille de l’édition zincographique fut repris pour l’édition type 1889. Au début, les planches étaient tout simplement sciées en quatre parties, mais elles étaient alors souvent voilées, ce qui les fragilisait et les faisait parfois rompre sous l’effort de la presse. Par la suite, les reproductions galvanoplastiques furent exécutés directement par quart de feuille. Dans tous les cas, le graveur devait compléter les écritures débordantes du quart dans les marges.
Litho- et zincophotographie.
Le principe reposait sur l’exposition à la lumière, à travers un cliché négatif du travail du dessinateur, d’une pierre ou d’une planche de zinc recouverte d’une substance se solidifiant sous l’action de la lumière – l’albumine 656 ou la gélatine bichromatée au Dépôt de la guerre. La technique était délicate, notamment parce qu’elle devait être effectuée rapidement avant que l’albumine n’ait trop attaqué le zinc, et elle ne permettait d’obtenir que des faux-décalques qui servaient ensuite à la gravure des pierres ou des planches de zinc. Ces techniques ne furent donc utilisées que pour les premières cartes topographiques en couleur 657 , parce que la reproduction photographique permettait aux graveurs de travailler sur une base identique pour chaque planche de couleur et d’assurer ainsi un bon positionnement au tirage.
Héliogravure
Talbot avait réussi en 1852 les premières héliogravures à partir de clichés photographiques, mais ce fut le neveu de Nièpce qui mit au point en 1854 la méthode au bitume de Judée qui servit de base aux recherches postérieures. Cette technique reposait sur le même principe d’insolation que la litho- ou zincophotographie, mais une fois le support métallique lavé, les parties dénudées étaient mordues les unes après les autres avec une solution d’acide (ou parfois de perchlorure de fer) afin d’obtenir une gravure en creux pouvant être tirée sur une presse à taille-douce ou fournir des épreuves à report. Au Dépôt de la guerre, les substances utilisées étaient généralement le bitume de judéen et l’acide azotique.
Notes
656.

L’albumine bichromatée fut utilisée pour la première fois dans le procédé de photolithographie Poitevin en 1867, mais Lermercier avait effectué la première lithographie en 1852 en utilisant du bitume de Judée.

657.

Voir infra, partie 2, chapitre 3.3.