La méthode de révision elle-même fut entièrement revue sur des bases nouvelles. Les documents fournis par les administrations ne servaient plus à exécuter directement des corrections qui étaient ensuite vérifiées sur le terrain, mais seulement à indiquer les zones où il était certain qu’une correction était nécessaire. Le travail s’effectuait sur des amplifications photographiques de feuilles tirées à partir du cuivre original, qui n’étaient donc pas au courant des dernières révisions jugées mauvaises. L’une des amplifications servait de minute sur le terrain, l’autre était réservée pour la mise au net.
La nouvelle méthode s’inscrivait surtout dans un effort d’instrumentation. Les révisions précédentes avaient essentiellement concerné la planimétrie et les instructions supposaient que les corrections pouvaient être assurées par de simples levés à vue, en s’appuyant sur les lignes de planimétrie restées exactes – ce qui était valable dans de nombreux cas. Au contraire, la méthode instaurée en 1889 combinait des cheminements et des intersections, effectués à l’aide d’un carton-planchette, d’une boussole et d’un double décimètre qui servait d’alidade. A partir de 1892, l’instrumentation fut encore renforcée par le recours à des instruments plus sophistiqués : une véritable planchette de topographe en bois et une alidade nivelatrice.
Finalement, l’instrumentation de la méthode entraîna la diversification des corrections à apporter. En plus de préciser une méthode déjà bien fixée, les instructions de 1896 et 1898 l’étendaient en permettant aux officiers réviseurs de rectifier les graves erreurs de représentation du relief, en accord avec leur supérieur. Elles soulignaient toutefois que « le figuré du 80.000e [était] largement traité et qu’il ne [descendait] pas dans le menu détail des formes orographiques »676, pour éviter que les officiers réviseurs ne s’attardent sur des problèmes accessoires. Ces instructions fixaient aussi plus généralement l’esprit de la révision, en rappelant que la carte au 1 : 80 000 était avant tout la « carte tactique » des militaires et que l’intérêt des détails variait selon la région – soulignant une nouvelle fois très explicitement les préoccupations essentiellement militaires qui gouvernaient à la publication de la carte.
Instruction de 1898, citée par BERTHAUT Colonel. La Carte de France. T.2. Op. cit., p. 183.