3.2.3.4. Des résultats satisfaisants limités par l’irrégularité des opérations.

La méthode de révision ne fut véritablement fixée qu’en 1891, après deux années de transition et d’expérimentation, mais dès 1889, le Service géographique de l’armée jugeait que « l’examen de ces travaux et leur comparaison avec ceux des années précédentes [avaient] permis de s’assurer que les résultats obtenus étaient plus homogènes et plus exacts »679. Toutefois, leur répercussion sur les feuilles publiées fut ralentie par l’adoption du type 1889. Cette édition présentait de nombreux avantages sur l’édition zincographique, mais elle ne permettait pas d’appliquer les corrections l’année même de la révision et imposait un délai de trois ans. De fait, les premières feuilles type 1889 à comprendre des corrections issues de la nouvelle méthode de révision ne furent publiées qu’en 1893. Toutes celles gravées entre 1889 et 1893 nécessitèrent une réfection pour prendre en compte toutes les modifications de la nouvelle révision, y compris celles qui portaient sur les corrections des révisions précédentes. Dans les Alpes, dix-sept quart de feuilles publiées entre 1888 et 1890 furent ainsi rééditées entre 1895 et 1898, dont Tignes S.O., Grenoble N.O. et S.O. ou encore Briançon S.E.

Comme pour les révisions précédentes, le SGA espérait pouvoir raccourcir le délai d’édition des feuilles publiées grâce au nombre inférieur de corrections produites par des révisions plus régulières. Mais le développement d’une nouvelle carte de France au 1 : 50 000680 et de nouveaux impératifs budgétaires limitèrent la fréquence des révisions. Dans la région couverte par mon corpus, aucune nouvelle opération ne fut exécutée sur le terrain avant 1914 – et encore la zone couverte par cette campagne était très limitée dans les Alpes du nord (carte 7). L’espacement des révisions ne permit jamais de réduire suffisamment le nombre de corrections par rapport à la révision précédente pour garantir une publication rapide.

A partir des années dix et vingt, les révisions de la carte d’état-major furent parfois effectuées en même temps que les levés de précision au 1 : 20 000, voire directement à partir de ceux-ci, en même temps que se développait l’emploi des photographies aériennes pour accélérer les opérations de terrain681. En 1950, la carte au 1 : 80 000 cessa d’être mise à jour dans les régions couverte par la nouvelle carte de France682. Dans la zone couverte par mon corpus, la dernière révision de terrain dont j’ai trouvée des traces fut exécutée entre 1931 et 1934 (carte 7). Finalement, en 1957, la carte d’état-major cessa d’être entretenue, c’est-à-dire actualisée, et fut retirée de la vente le 1er mai 1958, passant dans la catégorie des « cartes anciennes » qui peuvent être obtenues par tirage spécial sur demande683. La nouvelle carte au 1 : 50 000 ne couvrait pas encore tout le territoire, mais dans les régions non couvertes, les modifications étaient portées sur une édition spéciale du 1 : 50 000 dit type M, qui reprenait le contenu de la carte d’état-major avec le découpage et l’habillage de la nouvelle carte684.

Carte 7 : Révisions de terrain de la carte de France au 1 : 80 000 dans les Alpes du nord, après 1900.
Carte 7 : Révisions de terrain de la carte de France au 1 : 80 000 dans les Alpes du nord, après 1900.
Notes
679.

Rapp. SGA 1889, p. 37.

680.

Voir infra, partie 2, chapitre 3.4.

681.

Voir infra, partie 4, chapitre 3.3.4.

682.

Rapp. IGN 1950-51, p. 38.

683.

Exp. IGN 1958, p. 15.

684.

Voir infra, partie 3, chapitre 4.