3.3.1.2. Une représentation plastique trop chargée.

La carte d’état-major était loin de répondre à tous les besoins, comme la Commission royale l’avait initialement souhaité et comme les militaires l’avaient longtemps soutenu au cours de sa réalisation. Le recours quasi-systématique des organismes publics et des industriels aux minutes au 1 : 40 000 de la carte, et l’établissement par certaines administrations de cartes dérivées du 1 : 80 000 pour leurs usages spécifiques, comme la carte au 1 : 100 000 du Service vicinal ou la carte au 1 : 200 000 du ministère des Travaux publics689, étaient très révélateur de cette inadaptation de la carte d’état-major pour nombre de besoins administratifs ou industriels.

L’un des points communs de ces solutions de remplacement était de proposer une autre représentation plastique du relief : les minutes étaient en courbes de niveau, la carte du Service vicinal n’utilisait qu’un simple effet d’estompage et la carte du ministère des Travaux publics des courbes de niveau à une équidistance de cent mètres qui ne permettaient de représenter que de façon très schématique la topographie du terrain. En déchargeant le dessin des masses formées par les hachures, ces modes de représentation rendaient la carte plus claire et surtout plus apte à recevoir de nouvelles informations : tracés des voies de communication, données administratives (population, bureaux de poste ou de télégraphe, etc.) ou industrielles (usines, ouvrages d’art, concessions minières, etc.), compléments de levés effectués pour les aménagements envisagés.

Dans la deuxième moitié du 19e siècle, la diffusion plus large et plus souple permise par les procédés de tirage par report – d’ailleurs développés en premier lieu pour les besoins des administrations locales avec les cartes départementales – entraîna une diversification du public potentiel qui aiguisa cette problématique de la lisibilité de la carte, sur laquelle se greffa la question ancienne de l’échelle à adopter.

Notes
689.

Ibid., p. 250-251.