3.3.3.2. Les courbes de niveau.

Les cartes dérivées du 1 : 80 000 marquaient aussi la première utilisation des courbes de niveau pour des documents publiés par le SGA. Il s’agissait toujours de courbes extrapolées lors des levés topographiques : elles n’étaient pas employées pour donner une valeur géométrique supérieure aux hachures, mais pour alléger le dessin et permettre une meilleure lisibilité. La carte de la frontière des Alpes est un parfait exemple de cette ambition : l’emploi des courbes et l’absence d’éclairage donnaient un relief peu expressif, mais d’une grande clarté pour la lecture.

Cependant, la nature même de ces courbes extrapolées limitaient leur intérêt à ce gain en lisibilité : sur la carte de la frontière des Alpes, comme sur les feuilles publiées de la carte de France au 1 : 50 000, la représentation en courbes fut jugée insatisfaisante par les contemporains, parce qu’elle manquait de précision et donnait un rendu moins naturel que les hachures. Le succès limité de ces cartes, qui provoqua en partie l’abandon de la deuxième, témoignait aussi de la nouveauté du procédé. Si les utilisateurs demandaient une meilleure lisibilité, ils restaient encore marqués par une approche figurative de la cartographie qui demandait une certaine expressivité à la représentation du relief, comme en témoigne le succès rapide de l’amplification au 1 : 50 000 en noir qui conservait les hachures.

Pourtant, l’expérience acquise dans l’utilisation de la couleur et des courbes de niveau permit la formulation du projet d’une nouvelle carte de France au 1 : 50 000 basée sur les levés de précision. Dans les circonstances de son adoption, elle balançait entre tradition et modernité, mais son développement s’inscrivit dans une affirmation institutionnelle et opportuniste de l’autonomie du SGA.