Après le décret de mobilisation du 2 août 1914, la majeure partie du personnel du SGA intégra les corps ou états-majors auxquels il était affecté par les ordres de mobilisation. Le fonctionnement du service fut assuré par d’anciens officiers supérieurs en retraire, des officiers de compléments et des ingénieurs hydrographes, sous une direction stable pendant tout le conflit, assurée par le général Bourgeois secondé du colonel du génie Talon734.La conception que les états-majors se faisaient du rôle de la cartographie en temps de guerre était encore basée sur l’exemple de 1870. Elle consistait essentiellement en un approvisionnement massif en cartes dont l’actualité avait été assurée par des révisions plus ou moins récentes.
Mais la guerre de position qui s’instaura après la bataille de la Marne souligna l’inadaptation du dispositif mis en place par le SGA : il n’avait fourni aux armées que des exemplaires d’une carte tactique, la carte d’état-major, et d’une carte stratégique, la carte au 1 : 200 000 en couleurs, alors que la fixation du front imposait de développer les méthodes de tir d’après carte qui nécessitaient des plans détaillés et quadrillés indiquant la situation des objectifs. Comme une grande partie du front, qui s’étendait sur plus de huit cents kilomètres, n’était pas encore couverte par les levés de précision, des Groupes de canevas de tir (GCT) furent mis en place dès la fin du mois d’octobre 1914 pour dresser des plans directeurs de tir735. Constitués par d’anciens officiers du SGA et renforcés par des officiers ou soldats dont l’expérience civile était en rapport avec les travaux exécutés, les GCT furent peu à peu intégrés à un dispositif plus général contenant des sections topographiques dans les corps d’armées et dans les divisions d’infanterie. Le SGA assurait la direction technique de l’ensemble, coordonnant ainsi la production de toute l’information topographique utile aux armées françaises.
Au cours de l’année 1915, les besoins de plans directeurs à grande échelle se généralisèrent à toutes les armes. L’instruction du 23 décembre 1915 mentionnait ainsi pour la première fois officiellement le plan directeur de guerre à grande échelle comme une carte générale appelée à se substituer au « plan directeur de tir » conçu pour l’artillerie seule736. Les attributions des GCT s’étendirent donc à la couverture de l’ensemble des fronts par des cartes à différentes échelles répondant aux divers besoins des armées. L’approvisionnement en cartes nouvelles fut assuré par les imprimeries du service intérieur et par deux trains-imprimeries à partir de fin 1917. L’évolution des quantités de plans directeurs imprimés à Paris est particulièrement révélatrice de l’effort fourni : 6 000 exemplaires en 1914, 913 000 exemplaires en 1915, 3 507 000 en 1916, 4 427 000 en 1917 et 4 460 000 de janvier à novembre 1918737. Le SGA prit ainsi une importance considérable, tant par son travail de direction et de production que par son effectif, constitué à la fin de la guerre de quelques cinq cents cinquante officiers et neuf mille hommes de troupes, formés et équipés pour répondre aux exigences cartographiques du conflit.
Pour une histoire détaillée du SGA pendant la guerre, voir entre autres : Rapp. SGA 1914-19 ; BACCHUS Michel. L’établissement des plans directeurs pendant la guerre de 1914-1918. In Du Paysage à la Carte, op. cit., p. 128-134.
Rapp. SGA 1914-19, p. 15-16.
Ibid., p. 23.
Le SGA. Op. cit., p. 82.