4.1. Une évolution méthodologique et structurelle autour de l’instrumentation des méthodes.

Sous l’influence dominante du Dépôt de la guerre, la carte de France au 1 : 80 000 avait été conçue pour répondre aux seuls besoins des administrations centrales civiles et militaires. En tant que carte tactique encore fortement imprégnée par la conception fixiste de la cartographie – comme le prouva son inutilité pratique pendant la guerre de 1870 –, elle s’insérait plus dans la tradition figurative des théâtres de la guerre que dans la tradition utilitaire des plans détaillés de place forte. Tout au long du 19e siècle, les ingénieurs militaires continuèrent donc de lever des plans topographiques à grande échelle des environs de places fortes, qui répondaient à un véritable besoin pratique du Génie. Depuis la fin du 18e siècle, mais surtout après les travaux du chef de bataillon Haxo en 1801, ces plans utilisaient des courbes de niveau filées sur le terrain743, une technique que la Commission de topographie de 1802 avait acceptée pour les échelles supérieures au 1 : 10 000744. Après la défaite de 1870, des levés de précision furent développés pour dresser les plans directeurs des places fortes frontalières. La méthode de levé reprenait le principe de la planchette déclinée mais en généralisant la mesure instrumentale du terrain pour le nivellement et les distances. Cette nouvelle approche instrumentale se traduisit par une recherche technologique dominée par les travaux du colonel Goulier au sein du Dépôt d’instruments de précision, véritable laboratoire de recherche au sein du Dépôt des fortifications, puis du Service géographique de l’armée.

Notes
743.

C’est-à-dire levée par nivellement direct en suivant ces courbes sur le terrain par la détermination de points successifs de même altitude, suffisamment rapprochés et généralement choisis aux endroits où la courbe change de direction afin de pouvoir être reliés sans erreur d’interprétation.

744.

Voir supra, partie 1, chapitre 1.3.2.1.