4.1.1. Les plans directeurs, un prolongement des levés de places fortes.

4.1.1.1. Le Dépôt des fortifications.

J’ai montré comment le refus des autorités publiques de réunir toutes les services s’occupant de cartographie sous une même direction s’inscrivait dans un refus plus général de reconnaître la spécificité du travail cartographique, refus qui procédait lui-même de la domination de la conception fixiste et figurative de la cartographie comme une activité annexe au même titre que les disciplines historiques745. Jusqu’à la fin du 19e siècle, malgré la récurrence de projets d’unification des services cartographiques, divers organismes continuaient de produire des cartes en fonction de leur besoins particuliers, comme l’administration du Cadastre ou le ministère de l’Intérieur qui publiait depuis 1878 une carte au 1 : 100 000 dérivée de la carte d’état-major. Dans le domaine plus strictement topographique, le Dépôt de la guerre n’était concurrencé que par le Dépôt des fortifications, le seul organisme à faire exécuter par ses ingénieurs du génie de véritables levés topographiques dont l’orientation différait radicalement de celles des levés du Dépôt de la guerre.

Chargé de gérer la collection des plans reliefs, le Dépôt des fortification exécutait également depuis 1871 une réduction au 1 : 500 000 en couleur de la carte d’état-major, sous la direction du lieutenant-colonel Prudent, en concurrence directe avec la carte au 1 : 600 000 du Dépôt de la guerre. Mais son activité principale restait le levé des plans topographiques de places fortes. Sous l’impulsion des besoins affirmés pendant la guerre de 1870, ces levés se développèrent pour dresser les «  plans directeurs des places fortes du territoire et de leurs abords dans un rayon de cinq kilomètres », exécutés par « la Brigade topographique du Génie […], reformée après la guerre sous les ordres du Commandant Wagner, puis du Capitaine de la Noë »746. Depuis 1878, le Dépôt des fortifications disposait aussi d’un Dépôt d’instruments de précision, dirigé par le colonel Goulier, à l’origine d’un nombre important d’innovations dans l’instrumentation topographique747.

Notes
745.

Voir supra, partie 1, chapitre 2.3.1.1.

746.

Le SGA. Op. cit., p. 52.

747.

Voir infra, partie 2, chapitre 4.1.3.