Les plans directeurs de la défense que levait la brigade topographique du génie, puis la section des levés de précision, consistaient en un ensemble de plans topographiques couvrant les places fortes et les camps retranchés. Initialement exécutés à l’échelle du 1 : 2 000 ou du 1 : 5 000, ces levés s’étaient peu à peu étendus au-delà des abords immédiats des places fortes, en employant des échelles inférieures pour maintenir le rythme des opérations et permettre de dessiner le plan sur une unique feuille. A partir de 1875, le 1 : 10 000 était ainsi systématiquement employé, sauf dans les régions montagneuses des Alpes et des Pyrénées où le 1 : 20 000 s’était imposé parce que la raideur des pentes rendait inutile une telle précision et compliquait les cheminements en-dehors des vallées748.
En raison de leur utilisation militaire à but strictement défensif, ces plans furent d’abord levés dans les régions frontalières de l’est et du sud-ouest. Leur objectif était de donner une cartographie détaillée de toute la zone longeant la frontière. Dans la région des Alpes du nord couverte par mon corpus, les plans directeurs de Savoie et du Dauphiné concernèrent avant 1900 en priorité les régions stratégiques riches en infrastructures défensives de Grenoble, d’Albertville (débouchée de la Maurienne) et de Briançon (carte 8). Malgré leur orientation militaire manifeste dans le choix des zones couvertes, les plans directeurs furent mis à la disposition du public dès la fin du 19e siècle, en réponse à des besoins techniques spécifiques qui nécessitaient des plans détaillés dressés en courbes de niveau. Toutefois, leur diffusion resta beaucoup plus confidentielle que celle de la carte au 1 : 80 000 ou de son amplification au 1 : 50 000, en particulier dans les Alpes où les projets industriels susceptibles d’utiliser de tels plans restaient encore rares.
Rapp. SGA 1889, p. 12.