Les limites de la triangulation des ingénieurs géographes, en particulier dans les Alpes, puis l’exploitation de plusieurs réseaux trigonométriques plus ou moins avancés nécessitèrent de modifier la méthode des levés de précision pour adopter une nouvelle organisation, qui reproduisait à une échelle temporelle et spatiale moindre l’organisation traditionnelle en deux étapes géodésique et topographique distinctes – à la seule différence, de taille, que l’étape de triangulation n’était plus à proprement parler géodésique compte tenu des méthodes employées. Au début du 20e siècle, les brigades de levé topographique du SGA systématisèrent rapidement la division de leur travail entre une phase dite de préparation, durant laquelle étaient exécutés les triangulations complémentaires éventuelles et les canevas de détail des régions dont le levé était programmé pour les années suivantes, et une phase de levés topographiques s’appuyant sur les préparations exécutées les années précédentes.
Les opérations de préparation étaient généralement menées par les officiers expérimentés du SGA qui assuraient également l’encadrement des brigades. L’expérience de la première décennie du 20e siècle montra que l’absence de compensation générale de la triangulation des ingénieurs géographes pouvait provoquer des écarts importants (jusqu’à six ou sept mètres) entre les positions relatives de signaux dont la position avait été déterminée à partir de bases différentes812. Dans les années vingt, les triangulations complémentaires se transformèrent donc en une « véritable révision d’ensemble de la triangulation des Ingénieurs-Géographes »813 : le réseau primordial étant le seul considéré « exact », les points du 2e et 3e ordre étaient successivement compensés par la méthode graphique du point approché, afin de constituer « un réseau bien homogène […] dont les points [étaient] en concordance »814 avec une précision suffisante pour les levés topographiques en attendant les résultats de la nouvelle triangulation.
Ce canevas géodésique servait de base à la détermination des points du 4e et 5e ordre nécessaires aux levés de précision : effectuée par cheminements au tachéomètre (méthode tachéométrique) ou par intersection à l’alidade holométrique (méthode graphique), cette opération était selon le cas appelé préparation tachéométrique ou triangulation graphique, plus généralement triangulation de remplissage.
L’étape de préparation permettait ainsi que, « grâce aux précautions spéciales prises depuis 1922 par la Section de Topographie, les levés dressés dans les régions non encore atteintes par le nouveau réseau [aient] une valeur définitive »815. Au cours des années trente, avec le développement des levés photographiques terrestres et aériens816, la séparation entre les phases de préparation et de levé se systématisa au point qu’au sein du service des levés aux grandes échelles du SGA (section de topographie) furent formées des brigades uniquement consacrées à la préparation, comme par exemple la 3e brigade de triangulation complémentaire et préparation tachéométrique qui travailla sur les feuilles de St-Julien-en-Genevois (XXXIII-29) et Seyssel (XXXIII-30) sous la direction du capitaine Prudhon en 1934817.
Rapp. SGA 194-25, p. 22-23.
Ibid., p. 22.
Ibid., p. 23-24.
Ibid., p. 21-26.
Voir infra, partie 3, chapitre 3, et partie 4, chapitre 2.
Rapp. SGA 1934-35, p. 75.