1.2.2.2. Un endoctrinement méthodologique.

Dans la Commission de topographie, Henri Vallot était partout : à l’exception des travaux des topographes les plus expérimentés comme Franz Schrader, toutes les réalisations des membres furent exécutées sous son haut patronage. Derrière toute cette activité didactique se manifestait la volonté de fixer la méthode employée par les topographes-alpinistes qu’avaient très tôt les responsables de la Commission. Ainsi, dans le premier compte-rendu des travaux de la Commission publié en 1905 dans La Montagne, Prudent et Vallot affirmait qu’« il ne suffisait pas de créer un organisme, [mais qu’] il fallait encore lui donner une règle de conduite, une méthode de travail, afin d’assurer une certaine unité dans l’exécution, et aussi d’empêcher, comme cela est arrivé si souvent, que faute de suivre une méthode et de se conformer aux principes de la saine topographie, les bonnes volontés ne restent stériles et impuissantes ou ne s’égarent dans une fausse voie »885.

Dès ses débuts, l’activité de la Commission se traduisait donc par ce que je qualifierai de prosélytisme technique. Je trouve d’ailleurs que le vocabulaire de dualité morale employé par Vallot et Prudent, opposant la « saine topographie » aux « fausses voies », reflète bien la nature profonde de l’effort méthodologique de la Commission. Mon hypothèse est que cette rhétorique quasi-religieuse trouvait son origine dans le bénévolat des futurs topographes-alpinistes : la meilleure façon d’encadrer ces « bonnes volontés » impossibles à commander dont parlait Vallot restait sans doute de les endoctriner, ou tout du moins de les convertir à la vision des membres titulaires en général – et d’Henri Vallot en particulier. Cet endoctrinement passait avant tout par la promotion de méthodes simples et efficaces qui donneraient aux résultats la cohérence et la direction souhaitées par le bureau de la Commission : les topographes-alpinistes volontaires étaient ainsi invités à s’occuper « de l’étude détaillée de quelques régions limitées auxquelles ils [étaient] naturellement portés à s’attacher, mais [en] opérant tous conformément à des instructions de la Commission »886.

Notes
885.

PRUDENT Lieutenant-Colonel, VALLOT Henri. La Commission de Topographie. [avril 1905] Op. cit., p. 194.

886.

PV Com. Topo. CAF. Séance du 2 février 2003, p. 7.