Dans l’activité des topographes-alpinistes, la guerre fut une rupture beaucoup moins radicale que pour le Service géographique de l’armée, marqué par la double hémorragie des morts et des promotions éloignant les officiers des travaux topographiques901. Elle sépare seulement de façon très nette deux périodes reliées par une continuité logique que Numa Broc résume par les termes de « semailles » et de « moissons »902. Après la création de la Commission de topographie, la réunion et l’instruction d’un groupe actif de topographes-alpinistes, l’avant-guerre fut dominée par la mise en route de la plupart des travaux et l’exécution de nombreuses campagnes de terrain. Les années vingt et trente constituèrent au contraire l’apogée éditoriale des topographes-alpinistes, avec l’achèvement de toutes les entreprises ambitieuses nées au sein de la Commission : la description géométrique détaillée des Alpes de Paul Helbronner et les grandes œuvres cartographiques des Vallot, de Robert Perret et de Charles Buisson. Mais cette période marqua aussi la fin d’une illusion : alors que les membres titulaires les plus dynamiques disparaissaient les uns après les autres, l’activité régulière des topographes-alpinistes montrait sa véritable nature faite de réalisations pragmatiques souvent dérivées des cartes officielles, croquis topographiques et schémas orographiques « mineurs », en complète opposition avec l’ambition d’originalité prônée par Henri Vallot. Cette activité encore relativement importante, fédérée dans une Commission recréée en 1923 sous une forme amoindrie, diminua singulièrement dans les années trente, période de déclin définitif de l’excursionnisme cultivé en général et des topographes-alpinistes en particulier.
Voir supra, partie 2, chapitre 3.4.3.
BROC Numa. La montagne, la carte et l’alpinisme. Op. cit., p. 119.