2.1. Le SGA et la Commission de topographie du CAF : entre relations personnelles et opposition structurelle.

Par sa conception de l’alpinisme comme pratique cultivée et son ambition de développement sur tout le territoire français, le Club alpin français était rapidement devenu l’interlocuteur privilégié des autorités pour tout ce qui concernait l’alpinisme et la montagne en général. Classé dans les sociétés savantes, reconnu d’utilité publique en 1881, sa stature nationale et la renommée de certains membres de sa Commission de topographie donnèrent à celle-ci une audience considérable dans le milieu de la cartographie. La présence d’officiers ayant occupé ou occupant encore des postes importants au Service géographique de l’armée parmi ses membres et la volonté d’ouverture soutenue par le nouveau directeur du service, le général Berthaut, favorisèrent la mise en place de relations personnelles et institutionnelles étroites. Mais en tant que groupement privé dont le but était de produire des cartes topographiques d’une partie stratégique du territoire français – les régions montagneuses frontalières –, la Commission empiétait sur la mission de cartographie du territoire du SGA : la dimension politique et symbolique de l’acte cartographique favorisa le développement d’une opposition structurelle aussi fondamentale qu’implicite entre les deux organismes.