La Commission de topographie du Club alpin français avait été créée par « un groupement de professionnels, géodésiens et topographes »935, qui comprenait les premiers topographes-alpinistes (Franz Schrader, Henri et Joseph Vallot, Paul Helbronner), un géologue distingué (Emmanuel de Margerie), mais aussi deux militaires du Service géographique de l’armée : le chef d’escadron d’artillerie Bourgeois, chef de la section de géodésie du SGA, et le lieutenant-colonel du génie Prudent, ancien chef du service de la gravure (1888-1893) et conservateur des plans-reliefs depuis sa mise en retraite. Par la suite, d’autres militaires devinrent membres correspondants. A l’exception du commandant de Magnin, ancien officier géodésien du SGA qui avait essentiellement opéré en Afrique du nord, aucun de ces nouveaux membres ne travailla jamais pour le SGA : le lieutenant d’artillerie Léon Maury, très impliqué dans le Club alpin français pour lequel il rédigea un livre sur les travaux scientifiques de ses commissions936 ; le commandant René Godefroy de l’école d’application de Fontainebleau ; le lieutenant d’infanterie Robert du Verger ; le capitaine Etienne de Larminat en 1906, ancien professeur à l’école spéciale militaire, qui participa à la carte du massif du Mont Blanc d’Henri et Joseph Vallot. Au total, les militaires représentaient un cinquième des membres de la Commission de topographie937.
Cependant, cet investissement des militaires dans la Commission de topographie restait avant tout une affaire de personnes. Aucun de ces officiers ne représentait officiellement le SGA ou l’armée au sein de la Commission : ils ne s’y retrouvaient qu’en raison d’une passion partagée pour la haute montagne et la topographie. Le commandant René Godefroy offre un bon exemple du profil des militaires de la Commission : membre ancien du Club alpin français, au sein duquel il s’était consacré à la géographie, à la poésie et à l’alpinisme sans guide938, son implication dans la Commission n’était liée à sa profession militaire qu’en ce que celle-ci lui avait permis d’apprendre les bases de la topographie. Parmi les membres, seul Bourgeois exerçait encore une activité au sein du Service géographique de l’armée, qui accaparait d’ailleurs son temps au point qu’il dût démissionner de la Commission de topographie en 1909939.
PRUDENT Lieutenant-Colonel, VALLOT Henri. La Commission de Topographie. [avril 1905] Op. cit., p. 194.
MAURY Colonel Léon. L’œuvre scientifique du CAF. Op. cit.
Voir supra, tableau 4, partie 3, chapitre 1.2.1.2.
HOIBIAN Olivier. Les Alpinistes en France. Op. cit., p. 192.
PV Com. Topo. CAF 1910, p. 7.