2.1.1.2. La proximité idéologique des militaires et des membres du CAF.

A la fin du 19e siècle, alpinistes et officiers se recrutaient dans des milieux socioculturels relativement proches. D’un point de vue institutionnel, l’armée et le Club alpin français partageaient les mêmes valeurs patriotiques et la même volonté de réforme, exacerbées par la défaite de 1870. Le CAF avait ainsi remplacé sa devise « Excelsior » par « Pour la patrie, par la montagne » en 1904940. Ses caravanes scolaires s’inscrivaient dans un mouvement général de « lutte contre le déclin de la nation française, par une action en faveur d’une régénération de la jeunesse et de sa protection vis-à-vis des effets néfastes de la ville »941. Certains alpinistes du CAF servirent dans les troupes alpines comme porteurs ou guides pour le SGA, à l’image d’Henry de Ségogne, militant pour un alpinisme sportif et animateur du « groupe des rochassiers », et d’Armand Chalet, futur célèbre guide chamoniard, qui furent affectés au 189e régiment de chasseurs alpins de Briançon, puis au SGA à Villard d’Arène où ils purent effectuer un grand nombre de courses942. Je pense donc que l’implication des militaires dans la Commission de topographique participait d’une proximité idéologique plus générale entre l’armée et le CAF, autour d’un ensemble de valeurs communes comme la discipline ou le patriotisme.

Notes
940.

HOIBIAN Olivier. Les Alpinistes en France. Op. cit., p. 50.

941.

Ibid., p. 32.

942.

Ibid., p. 169.