Entre 1897 et 1901, l’entreprise de la nouvelle carte de France au 1 : 50 000 avait été engagée sans disposer de crédits spécifiques. « En prévision d’une solution [financière] favorable à intervenir dans un avenir plus ou moins prochain, la Section des Levés de Précision [avait] dû se préoccuper, d’une part de prévoir l’utilisation, en vue de l’exécution de la nouvelle carte, des levés déjà existants, et par suite d’assurer leur révision en temps convenable, d’autre part de tenir compte de ce facteur nouveau dans la conduite des travaux futurs »962, notamment en répartissant les zones à lever sur le nouveau découpage des feuilles au 1 : 50 000963. En raison de crédits très limités et des priorités militaires, les levés de la nouvelle carte furent d’abord organisés pour tirer un profit maximal des plans directeurs existants : ils se trouvèrent donc concentrés sur les régions frontalières de l’est, la région parisienne et une petite zone autour de Cherbourg, déjà partiellement couvertes964.
Avant la première guerre mondiale, les Alpes devinrent ainsi la principale région concernée par les levés de précision, allant jusqu’à représenter certaines années plus de la moitié des surfaces levées (graphique 9), avec une moyenne de 21 % entre 1889 et 1939. Cependant, l’immédiat après-guerre montre l’arrêt quasi-définitif des levés directs dans les Alpes, remplacés par les levés photographiques : la période la plus significative est donc celle précédant la première guerre mondiale, durant laquelle, entre 1889 et 1914, les levés alpins représentèrent 35,6 % des levés exécutés en France, avec une proportion maximale de 64,6 %.
* Sont inclus les levés de précision proprement dits et tous les levés à la planchette, à l’exception des complètements de levés photographiques (sauf pour 1925 et 1926 où je n’ai pas trouvé de données faisant la distinction entre les deux). Je n’ai pas trouvé de chiffres pour l’année 1892.
L’organisation des levés elle-même témoignait de la spécificité des travaux topographiques dans les Alpes. Entre 1893 et 1914, la brigade constituée pour les levés alpins fut la seule maintenue sans discontinuité. Ses travaux en France n’étant possible que pendant les mois d’été, elle fut dès 1904 employée pendant les campagnes hivernales aux levés en Afrique du nord, comme l’illustrent les différents noms qu’elle porta : Brigade topographique des Alpes (1897-1903), Brigade d’Alger – les Alpes (1904-1906), Brigade d’Oran – les Alpes (1907-1911), Brigade des Alpes et de Philippeville (1912-1914). Dans les années vingt, alors que sur tout le territoire les brigades étaient organisées de façon plus rationnelle et différenciées par un simple numéro d’ordre, certaines brigades de levés alpins échappèrent encore à cette organisation, comme par exemple la « brigade des Alpes » de 1926965.
Rapp. SGA 1901, p. 12.
Voir infra, partie 3, chapitre 4.1.1.1.
« Comme choix de régions, c’est à ces intervalles existant entre les zones déjà levées, et présentant par conséquent eux-mêmes une part de l’intérêt militaire de celles-ci, que devait être appliqué le développement de travaux autorisés. » Rapp. SGA 1903, p. 15.
Rapp. SGA 1926-27, p. 116.