2.2.1.3. La répartition spatio-temporelle des travaux du SGA dans les Alpes.
Si la région des Alpes du nord était indubitablement privilégiée, les crédits dont disposait le SGA pour la carte de France ne lui permettaient pas pour autant d’en assurer une couverture très rapide. L’étude de la répartition spatiale et temporelle des levés de précision et des publications de feuilles permet de mettre à jour les priorités et les contraintes des travaux du service officiel dans les Alpes. Le graphiques suivant illustre la surface couverte chaque année par les levés de la carte de France et leurs révisions entre 1897 et 1950 (graphique 10). Les cartes montrent la répartition spatiale de ces travaux (cartes 11, 12, 13 et 14).
Exception faite de la longue coupure provoquée entre 1914 et 1921 par la première guerre mondiale et la réorganisation qui la suivit, quatre périodes bien différenciées se distinguent :
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1897-1910 : utilisation exclusive de la méthode des levés de précision. Malgré une légère pause en 1901, au moment du premier ajournement du projet de loi de financement de la nouvelle carte de France, les travaux sur le terrain suivirent un rythme régulier, avec un pic de productivité en 1907 dû à un terrain moins difficile (sans glacier, par exemple) et à des conditions météorologiques peut-être plus favorables. Dans les Alpes, les levés de précision concernèrent presque exclusivement une région contenue dans un triangle formé par les trois centres des plans directeurs : Grenoble, Albertville et Briançon966. Cette répartition spatiale illustre la politique d’exploitation des plans directeurs décidée par le SGA : le changement de destination des levés de précision ne modifia donc pas immédiatement le programme des travaux de terrain, et la Brigade des Alpes termina d’abord les levés du plan directeur de Grenoble – Fort-Barraux commencés en 1885 et inachevés en 1897, avant de débuter en 1902 des opérations en Haute-Tarentaise et Haute-Maurienne pour étendre et rattacher les plans directeurs existants. En même temps, une partie des plans directeurs les plus anciens était révisée en 1907 et 1908.
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1911-1925 : expérimentation des levés photographiques terrestres. Pour trouver une solution au levé des régions inaccessibles ou difficiles à parcourir, le SGA commença à expérimenter les levés photographiques, mais l’étendue des essais resta limitée par le nombre d’opérateurs affectés (avant 1914, un seul officier se chargeait des expérimentations : Charles Coulon, avec quelques aides). Les levés photographiques concernèrent essentiellement l’Oisans, en complément des levés de précision menés dans la même région pour prolonger les plans directeurs existants vers le sud.
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1926-1937 : développement des levés photographiques terrestres et aériens. La reprise des travaux après la première guerre mondiale fut marquée par une extension des levés en dehors du triangle formé par les plans directeurs levés à la fin du 19e siècle, d’abord au sud, puis au nord. Une importante révision, dite « révision des Alpes » et menée principalement entre 1927 et 1929, fut réalisée pour uniformiser les levés de précision parfois anciens. Les levés photographiques terrestres sortirent du stade expérimental, couvrant une surface supérieure aux levés classiques dans les régions prévues au programme de travail. Les levés photographiques aériens se développèrent rapidement, mais seulement dans la région peu accidentée du sud du lac Léman.
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1938-1950 : généralisation des levés photographiques aériens. A la fin des années trente, les levés photographiques aériens se généralisèrent très rapidement, se substituant complètement aux levés directs et aux levés photographiques terrestres.
La première moitié du 20e siècle est ainsi marquée par une succession de changements techniques importants, qui méritent des études détaillées967. Pour les levés de précision eux-mêmes, la méthode utilisée demeura celle mise au point à la fin du 19e siècle968, mais avec un souci qualitatif nouveau pour les levés de haute montagne.
Notes
966.
Voir supra, partie 2, chapitre 4.1.1.2.
967.
Voir infra, partie 3, chapitre 3, et partie 4, chapitres 2 et 3.
968.
Voir supra, partie 2, chapitre 4.