2.2.2. L’effort qualitatif du SGA dans les Alpes.

2.2.2.1. Méthode expédiée et méthode régulière.

En plus des problèmes de qualité du réseau géodésique, particulièrement aigus dans les Alpes, les levés de précision étaient confrontés aux difficultés de parcours des régions de haute montagne qui avaient imposé l’adoption d’une méthode différente de celle employée dans les régions moins accidentées. Pour les zones inaccessibles, la triangulation complémentaire était ainsi exécutée par des méthodes graphiques et les courbes tracées à l’aide de points déterminés par intersection969. Même dans ces conditions, les opérations de levé topographique restaient difficiles : les rapports d’activité du SGA insistaient régulièrement sur les exploits physiques qu’elles demandaient aux officiers topographes pour appliquer strictement la méthode des levés de précision.

Cependant, les minutes de levé conservées dans les dossiers topographiques à la cartothèque de l’IGN donnent une vision différente des pratiques des brigades topographiques dans les Alpes. Sur nombre d’entre elles, les officiers topographes avaient indiqué l’exécution de levés dits expédiés, par opposition aux levés réguliers généralement désignés par le seul terme de « levé ». La méthode expédiée consistait en une simplification de la méthode régulière pour permettre un levé plus rapide, en particulier dans les zones difficiles d’accès – typiquement la montagne – ou dont le parcours systématique prendrait trop de temps – les levés de reconnaissance, notamment dans les colonies. J’ai déjà décrit la méthode régulière970 : elle mêlait cheminements et rayonnements pour le filage des courbes dans les zones accessibles, et détermination des points par intersections graphiques à courte distance pour limiter les erreurs dans les zones inaccessibles. Jugée remarquablement souple pour les levés en haute montagne par les spécialistes, elle nécessitait cependant l’emploi de guides militaires fournis par les troupes alpines pour le parcours des terrain les plus difficiles. Dans les régions montagneuses, la méthode expédiée consistait à représenter les fonds de vallées avec tous les détails de la méthode régulière, mais à se contenter pour les sommets rocheux et les crêtes dominantes d’une représentation basée sur des points déterminés par des intersections à longue distance, ou parfois même sur de simples croquis perspectifs, se rapprochant alors de la méthode employée pour les levés de la carte d’état-major971.

Notes
969.

Voir supra, partie 2, chapitre 4.1.

970.

Voir supra, partie 2, chapitre 4.

971.

Voir supra, partie 1, chapitre 4.2.2.3.