Mais ce qui m’intéresse surtout ici, c’est la part relativement importante de feuilles exploitant la triangulation de Paul Helbronner. Entre 1900 et 1939, 7,44 % des feuilles de mon corpus comportant des indications sur les réseaux trigonométriques exploités utilisaient cette triangulation. La première collaboration entre le SGA et la Commission de topographie s’était en effet instaurée très tôt sur la communication de données géodésiques issues de la triangulation de Paul Helbronner, que ce dernier négocia contre la mise à disposition de porteurs militaires pour ses opérations. Dans un premier temps, le SGA ne voulait faire qu’un emploi temporaire des résultats d’Helbronner pour compléter la triangulation des ingénieurs géographes, qui pour de multiples raisons déjà exposées étaient peu précises dans les marges alpines du territoire, en attendant l’achèvement de la nouvelle triangulation de la France dans les Alpes. Avant la guerre, les éléments géodésiques épars d’Helbronner furent ainsi utilisés comme points complémentaires pour vérifier les points officiels. La triangulation Helbronner était ainsi « ramenée à la nouvelle triangulation de la France », c’est-à-dire que ses données étaient modifiées par les résultats (parfois provisoires) des opérations fondamentales de la nouvelle triangulation.
Puis, après 1920, comme le projet d’Helbronner prenait de l’importance en s’étendant sur toutes les Alpes et que les crédits de la nouvelle triangulation n’augmentaient toujours pas, le SGA intégra une partie des points primordiaux d’Helbronner dans la nouvelle triangulation et utilisa certains points de 3e ordre pour ses levés topographiques. Ainsi, entre 1900 et 1960, sur les cent dix feuilles du SGA exploitant la triangulation Helbronner, six indiquaient explicitement qu’elle avait été « incorporée à la nouvelle triangulation de la France » : il s’agissait des feuilles de la carte de France au 1 : 50 000 de Thonon-Châtel, Samoëns-Pas de Morgins, Cluses (deux éditions), Saint-Bonnet et Orcières, des régions dans lesquelles la nouvelle triangulation n’était pas encore achevée au moment des levés.
Le SGA employa également la triangulation effectuée par Henri Vallot dans le massif du Mont Blanc, mais dans des proportions moindres à cause de la surface plus réduite qu’elle couvrait. Quarante-quatre feuilles indiquent cependant son utilisation (soit 4,52 % des feuilles portant de telles indications), dont deux précisent explicitement qu’elle avait été « incorporée à la nouvelle triangulation de la France » – probablement en même temps que la triangulation Helbronner à laquelle elle était reliée992.
Voir supra, partie 3, chapitre 1.3.1.