2.3.2.2. L’instrumentalisation de la compétence toponymique des alpinistes.

Après la géodésie, le deuxième grande domaine de collaboration entre le SGA et les alpinistes fut la toponymie des régions de haute montagne. Comme l’annonçait Henri Vallot en conclusion de la fameuse séance du 8 mars 1912996, le service officiel demanda rapidement à la Commission de topographie du CAF de l’aider à établir la nomenclature des feuilles alpines de la nouvelle carte de France. La toponymie était un domaine particulièrement délicat, qui faisait régulièrement l’objet de débats au sein même de la Commission. Il nécessitait une grande connaissance de la région couverte et une certaine érudition, un même objet géographique pouvant porter de multiples noms et ces noms pouvant avoir de multiples formes en fonction des patois locaux. Les critiques des alpinistes sur la carte d’état-major et sur la nouvelle carte de France au 1 : 50 000 avaient d’ailleurs souvent porté sur la déficience de la toponymie.

La guerre retarda la mise en œuvre de cette collaboration, mais elle se développa de manière particulièrement importante avec la Commission des travaux scientifiques à partir de 1923. D’anciens membres de la Commission de topographie, comme Emile Gaillard et Henri Mettrier, et des membres de la nouvelle Commission, comme Camille Blanchard, participèrent ainsi à la vérification de la toponymie des nouvelles feuilles alpines de la carte de France. Toutefois, cette collaboration déclina dès la fin des années trente, à la fois parce que la nouvelle génération d’alpinistes s’intéressait moins aux questions d’érudition, et à la fois parce que les travaux des topographes-alpinistes finirent par fixer suffisamment le corpus toponymique nécessaire aux cartes officielles pour que le SGA puisse continuer seul de le corriger et de le mettre à jour.

Notes
996.

PV Com. Topo. CAF. Séance du 8 mars 1912, p. 31.