3.1.1. Fondations et premières réalisations de la métrophotographie.

3.1.1.1. Les méthodes perspectives.

Les levés topographiques et architecturaux employaient depuis longtemps des méthodes utilisant les lois de la perspective pour déterminer des mesures du terrain ou d’un objet à partir d’une vue lointaine. Le procédé de triangulation fut ainsi formalisé au 15e siècle en Italie, dans une orientation essentiellement architecturale, à partir des méthodes de mesures indirectes développées dès le 13e siècle sur les bases des propriétés de la perspective et des proportions décrites chez Euclide1003. En 1490, Piero della Francesca publiait d’ailleurs un des premiers traités de perspective, De prospectiva pingendi.

Le dispositif de la chambre noire, mentionné notamment chez Aristote, Al Hazen et Léonard de Vinci, fut utilisé par de nombreux artistes pour l’étude des perspectives. Il était formé d’une boîte fermée, étanche à la lumière, dont une des faces était percée d’un petit trou, le sténopé, qui faisait se former sur la paroi opposée une image inversée d’un objet éclairé placé à l’extérieur. L’adjonction d’une lentille optique au sténopé permit d’améliorer la netteté de cette image projetée. Les perspectives furent également à l’origine de la chambre claire, un instrument imaginé au 17e siècle par Robert Hooke et singulièrement perfectionné par le chimiste anglais William Hyde Wollaston en 1807, pour les observations microscopiques : l’utilisation d’un prisme superposant la vue d’un objet visé et celle de la pointe d’un crayon permettait de décalquer sur une feuille de papier l’image de l’objet.

Les méthodes perspectives furent reprises et systématisées au début du 19e siècle par l’ingénieur hydrographe Beautemps-Beaupré, puis exposées dans sa Méthode pour la levée et la construction des cartes et plans hydrographiques (1811)1004. En mettant en œuvre ces principes et la chambre claire de Wollaston, le colonel Aimé Laussedat (1819-1907) utilisa, à partir de 1845, des croquis architecturaux panoramiques pour déterminer la position et l’altitude des points du paysage.

Notes
1003.

Voir supra, partie 1, chapitre 1.1.

1004.

BEAUTEMPS-BEAUPRE C.F. Méthode pour la levée et la construction des cartes et plans hydrographiques. Paris : Imprimerie impériale, 1811, 96 p.