L’invention de la photographie consistait dans l’application des propriétés chimiques de certaines matières photosensibles au dispositif de la chambre noire. Lors de la présentation de l’invention de Daguerre et Niepce à l’Académie des sciences en 1839, le savant François Arago envisageait d’ailleurs « les moyens rapides d’investigation que le topographe [pourrait] emprunter à la photographie »1005, par analogie aux emplois connus de la chambre noire aux relevés architecturaux.
Ce fut exactement dans cette orientation que Laussedat adopta pour la première fois, en 1850, la chambre photographique pour les levés architecturaux de l’église Santa Mari delle Grazie à Milan. Approuvée par l’Académie des sciences en 1859, la méthode fut expérimentée à partir de 1861 à l’école régimentaire du Génie de la garde impériale, sans réalisation marquante jusqu’à ce que Laussedat charge le 18 mai 1863 le capitaine Javary, chef des travaux graphiques à l’école Polytechnique, de poursuivre les expériences au Dépôt des fortifications – nouvel exemple du caractère innovant des travaux réalisés dans cet organisme par rapport à l’orientation plus productrice du Dépôt de la guerre.
ARAGO François. Le daguerréotype. Compte rendu des séances de l’Académie des Sciences, 1839, p. 265.