3.1.1.3. Les premiers levés photographiques.

Javary mena des expérimentations limitées dans des zones d’intérêt militaire. En 1863, il dressa un plan au 1 : 1 000 du fort de Bicêtre, mais dut abandonner celui de la position militaire de Culoz à cause d’une série d’épreuves photographiques ratées. L’année suivante, il réalisa plusieurs levés d’essai à Fleuri (Meudon), à Palaiseau dans la vallée d’Orsay, à Grenoble et au fort de Rosny dans la région parisienne, ce dernier étant interrompu par la mauvaise saison1006.

En raison des particularités de la région, de la superficie levée (environ 20 km2), de sa taille et de son degré d’achèvement, le plan de Grenoble est systématiquement cité comme le premier exemple de levé topographique exécuté avec la méthode photographique du colonel Laussedat1007. Dressé au 1 : 5 000, il représente le relief par des courbes de niveau équidistantes de dix mètres, qui furent interpolées à partir de points géodésiques, de six cents points restitués par la méthode des perspectives photographiques appliquée à vingt-neuf vues sur les trente-six prises, et d’autres clichés utilisés comme sources documentaires. Le plan porte également les cheminements ayant servi à déterminer les positions géodésiques des prises de vue, ainsi que la position des axes des différentes photographies. Sans compter les cheminements tachéométriques, le travail photographique n’avait duré qu’environ soixante heures sur le terrain, mais l’exploitation des clichés et le dessin avaient nécessité presque deux mois1008.

Si le caractère extrêmement limité et souvent inachevé des précédents essais explique leur passage sous silence au profit du seul plan de Grenoble dans toutes les études abordant le développement des levés photographiques, je pense cependant qu’il ne faut pas sous-estimer leur importance dans la mise au point de la méthode, en particulier dans la prise de conscience de la rigueur nécessaire aux prises de vues photographiques pour permettre leur exploitation. Ce fut seulement grâce à l’expérience tirée des cinq levés précédents que Laussedat et Javary réussirent à dresser un plan complet de la place forte de Grenoble, formalisant suffisamment leur méthode pour en donner un premier exposé détaillé.

Notes
1006.

LAUSSEDAT Aimé. Comptes-rendus sommaire des expériences de photographie appliquée au lever des plans faites par le capitaine Javary en 1863 et 1864. SHAT, Dépôt des fortifications, Article 21, Section 13, paragraphe 2, Carton 3, n°1.

1007.

JAVARY Capitaine. Lever photographique de Grenoble construit et nivelé par le capitaine Javary au moyen de perspectives, selon la méthode M. le commandant Laussedat. Paris : [sn], 1864. Dessin minute en couleur. Echelle 1 : 5 000, 103 x 138 cm. SHAT, Dépôt des fortifications, Article 21, Section 13, paragraphe 2, Carton 3, n°1.

1008.

Lettre de Laussedat au général de division Charron, président du comité des fortifications, datée du 29 novembre 1864. SHAT, Dépôt des fortifications, Article 21, Section 13, paragraphe 2, Carton 3, n°1.