Laussedat et Javary décrirent la méthode employée pour dresser le plan de Grenoble dans une série de lettres et de rapports conservée au Service historique de l’armée de terre1009. Cette méthode reposait sur le principe qu’une image photographique était assimilable à une perspective conique : au moment de la prise de vue, tous les rayons lumineux passaient par le même point – le centre optique de l’objectif – qui constituait donc le point de fuite des perspectives de l’image ainsi produite. Si la position de la station d’où la photographie avait été prise était connue (par une triangulation préparatoire, par exemple), les lois de la perspective permettaient de déterminer l’orientation de chaque point sur le cliché par rapport à ce point de fuite et de reporter cette orientation sur un plan. Si un élément se trouvait sur plusieurs clichés, il était alors possible de déterminer sa position par recoupement des droites représentant ces orientations sur le plan, de façon similaire à la méthode topographique de l’intersection graphique1010. L’altitude était déterminée par calcul à partir de l’altitude de la station photographique, de l’angle entre la ligne de visée et l’horizontale, c’est-à-dire l’inclinaison de l’axe optique au moment de la prise de vue, et de la mesure de la distance entre le point de prise de vue et le point à déterminer effectuée directement sur le plan en cours de construction. L’ensemble des opérations permettant la détermination des points identifiés sur les photographies constituait la restitution.
Convaincu du potentiel de sa méthode, Laussedat n’en proposa pourtant que tardivement un exposé systématique. A l’exception des différents rapports communiqués au Dépôt des fortifications, il ne rédigea aucun ouvrage méthodologique avant la fin des années 1880. A ce moment-là, il ne publia d’ailleurs que quelques livres importants mais très concis, en particulier La Métrophotographie en 18891011 et Les Applications de la perspective au lever des plans en 18931012. Tous ses travaux ne furent réunis dans une somme fondamentale qu’au tournant du 20e siècle, avec la publication de ses Recherches sur les instruments, les méthodes et le dessin topographique, dont les trois tomes parurent respectivement en 1898, 1901 et 19031013.
SHAT, Dépôt des fortifications, Article 21, Section 13, paragraphe 2, Carton 3, n°1 et 2.
Voir glossaire et supra, partie 1, chapitre 1.2.2.2.
LAUSSEDAT A. La Métrophotographie. Edition révisée [1ère édition 1889]. Paris : Gauthier-Villars, 1899, 52 p.
LAUSSEDAT Colonel A. Les Applications de la perspective au lever des plans, vues dessinées à la chambre claire, photographies… Paris : Gauthier-Villars et fils, 1893.
LAUSSEDAT Colonel A. Recherches sur les instruments, les méthodes et le dessin topographique. Paris : Gauthier-Villars, 1898-1903. 3 vol.