3.1.2.2. Un instrument spécifique : le photothéodolite.

Les données nécessaires à l’emploi de la méthode de Laussedat n’étaient pas différentes de celles déterminées dans un levé topographique classique : la distance de visée était mesurée par l’emploi de la méthode stadimétrique, les angles azimutaux et zénithaux mesurés à l’aide d’un théodolite ou d’un tachéomètre. Mais, contrairement à une station de levés topographiques classiques qui nécessitait la visée et la mesure de nombreux points, il suffisait avec la photographie de déterminer pour chaque prise de vue un angle vertical, un angle horizontal et une longueur de visée.

Pour faciliter les opérations, Laussedat avait d’ailleurs mis au point le photothéodolite, qui permettait d’effectuer avec un seul instrument les mesures d’angles et la prise de clichés photographiques. Mais cet instrument spécifique ne fut finalement que peu employé. Jusqu’en 1864, la détermination de la position des stations était assurée par un instrument goniométrique quelconque. En 1865 et 1866, le capitaine Javary employa bien le photothéodolite, notamment pour le levé des environs de Faverges en Savoie1014, mais il trouva « de graves inconvénients à réunir l’instrument goniométrique à l’instrument photographique »1015, parmi lesquels le poids de l’appareil, l’imprécision du goniomètre intégré et la mise en station longue et délicate à cause de la lunette excentrée, qui, en ralentissant le travail, provoquait des variations de lumière entre les prises de vue d’un même point depuis plusieurs stations. Pour le levé de Belfort qu’il effectua en août 1866, Javary sépara définitivement les opérations géométriques et photographiques, utilisant un appareil photographique ordinaire qui présentait à ses yeux l’intérêt supplémentaire d’être facile à se procurer en campagne. De cette façon, il gagnait également quatorze kilogrammes par rapport au photothéodolite.

Notes
1014.

Le levé fut effectué à partir d’une triangulation avortée ne comportant finalement que huit points trigonométriques, complétée par des cheminements. Javary effectua cent trois stations, dont vingt-neuf photographiques qui fournirent cent cinquante-sept épreuves de différents formats et permirent la restitution de six cent quatre-vingts points. Les zones ne pouvant être restituées par la photographie, principalement les sous-bois, furent couvertes par des levés de reconnaissance rapide. Le plan final représentait une surface de douze mille hectares. Le levé avait nécessité dix-huit jours de travail sur le terrain et cinq mois de rédaction à deux topographes.

1015.

JAVARY capitaine. Mémoire relatif à l’application de la photographie au lever des plans. Paris : Dépôt des fortifications, Paris, 1866. SHAT, Dépôt des Fortifications, Article 21, Section 13, paragraphe 2, Carton 3, n°2.