3.2. Henri Vallot, les topographes-alpinistes et les levés photographiques.

Jusqu’au début du 20e siècle, à l’exception des expérimentations menées au Dépôt des fortifications par le capitaine Javary, la seule application importante de la méthode formalisée par le colonel Laussedat fut l’œuvre des topographes-alpinistes Henri et Joseph Vallot pour leur carte au 1 : 20 000 du massif du Mont Blanc. Leur entreprise correspondait parfaitement au domaine de prédilection de la méthode des perspectives cartographiques, tel que Laussedat et Javary eux-mêmes l’avaient défini : le levé des terrains accidentés et difficiles à parcourir. Pourtant, les cousins Vallot ne semblent pas s’être basés uniquement sur des critères rationnels pour adopter une méthode qu’ils connaissaient encore mal au moment de leur choix. En conséquence sans doute de cette ignorance, l’adaptation de la méthode Laussedat aux besoins exprimés par les Vallot nécessita une longue phase de mise au point influencée par son usage pratique, qui constitue un exemple particulièrement révélateur du développement de nouvelles techniques dans un contexte dominé par l’idéologie du progrès. Finalement, la simplification graphique opérée par Henri Vallot lui permit d’imposer l’utilisation de ce qu’il appela lui-même la méthode Laussedat-Vallot aux topographes-alpinistes de la Commission de topographie du CAF, même si elle ne se développa jamais en dehors de ce cadre restreint.