3.3.1. Les procédés mécaniques de restitution photographique et les débuts de l’automatisation des levés topographiques.

3.3.1.1. La stéréotopographie.

En même temps qu’Henri Vallot simplifiait l’utilisation de la méthode Laussedat en privilégiant les constructions graphiques, des recherches étaient menées sur la possibilité de mécaniser le processus de restitution des clichés photographiques, dans des pays comme l’Allemagne, la Suisse ou le Canada, qui avaient adopté assez rapidement, et pour des raisons très différentes, la photogrammétrie.

Toutes les solutions envisagées reposaient sur l’emploi de clichés stéréophotographiques, des vues jumelées prises avec la même orientation depuis les extrémités d’une base, qui donnaient une impression de relief quand elles étaient observées simultanément avec un binoculaire. A cause de la distance des éléments à positionner, l’utilisation topographique de la stéréophotographie, parfois appelée stéréotopographie, nécessitait l’emploi d’une base bien plus longue que pour les applications architecturales, de cent à mille mètres1074. L’emploi du photothéodolite permettait d’effectuer la prise de vue et de déterminer en même temps les coordonnées, la direction et la longueur de la base par les méthodes classiques : détermination des angles au théodolite, à partir de points connus du canevas géométrique, et mesure de la longueur de la base par stadimétrie.

La méthode de restitution reposait sur les principes énoncés par Laussedat, mais elle était singulièrement simplifiée par l’utilisation de clichés stéréoscopiques. En effet, les lois de la perspective permettaient de calculer directement les coordonnées et l’altitude d’un point présent sur les deux clichés à partir des mesures de la parallaxe stéréoscopique, « c’est-à-dire la différence des abscisses des deux images du point M par rapport aux centres des deux clichés », et de « l’ordonnée de l’une d’elle par rapport à l’horizontale passant par le centre du cliché intéressé »1075. La stéréotopographie présentait des avantages considérables. Tout d’abord, l’emploi de couples de clichés d’orientation exactement identique réduisait ainsi à deux le nombre de photographies nécessaires pour la restitution d’un point. Ensuite, l’impression de relief donnée par l’observation binoculaire facilitait l’identification des points importants, en particulier pour les opérateurs ne connaissant pas bien le terrain. Enfin, « la stéréoscopie [ouvrait] la voie à une solution instrumentale du problème »1076 de la complexité de la méthode graphique de Laussedat.

Notes
1074.

Le SGA. Op. cit., p. 154.

1075.

Ibid..

1076.

MARTONNE Emmanuel (de). Traité de géographie physique. T.2. [9e édition] Op. cit., p. 508.