L’apparente similitude dans les points de vue de la cartographie et de la photographie aérienne favorisait le développement des levés aériens, mais les difficultés techniques posées par les prises de vue depuis un avion et l’exploitation topographique des clichés, ralentirent leur généralisation et laissèrent pendant presque deux décennies une place pour les levés photographiques terrestres1105. Au SGA, la volonté de la nouvelle direction d’accélérer les travaux de la carte de France en partie grâce au développement des procédés photogrammétriques entraîna l’accroissement rapide des zones couvertes par ces procédés au cours des années vingt et trente1106.
Jusqu’en 1921, aucun nouveau levé photographique ne fut exécuté, mais les photographies prises avant la guerre furent restituées par la Société française de stéréotopographie (SFS), sous le contrôle du service de la photographie du SGA. A partir de 1922, la SFS employa pour la première fois un stéréoautographe Von Örel pour restituer des levés du SGA. Les levés photographiques reprirent en 1922 : d’abord confiés à un seul officier, le capitaine Recordon, détaché des brigades de levés classiques1107, ils furent exécutés, à partir de 1926, par des brigades spécialement formées, sous la direction d’officiers compétents, Recordon encore, puis Barrère. Cette même année, le photothéodolite Prédhumeau remplaça peu à peu le modèle Pulfrich employé jusque-là1108 : avec l’adoption du stéréoautographe, ce fut la seule modification instrumentale de la méthode expérimentée dès 1911 dans l’Oisans.
Les levés photographiques terrestres du SGA concernèrent d’abord les zones particulièrement difficiles d’accès des massifs de l’Oisans et du Pelvoux où avait été expérimentée la méthode avant la guerre, peu à peu étendues vers le sud aux environs d’Orcières et de Chorges (carte 22). Régions privilégiées d’expérimentation de la stéréotopographie, elles furent couvertes exclusivement par des levés photographiques terrestres (naturellement complétés par des levés locaux à la planchette) qui permirent la publication de cinq feuilles des cartes de France au 1 : 20 000 et 1 : 50 000 : St. Christophe-en-Oisans (1932-1934), La Mure (1934-1935), Orcières (1936-1938), Chorges (1938-1939), St. Bonnet (1939-1941)1109. Puis, avec le développement de la stéréotopographie aérienne au cours des années trente, la photographie terrestre fut employée dans des zones moins accidentées comme le massif du Chablais ou les environs d’Annecy, en complément des levés aériens dont le rendement n’était pas encore satisfaisant, sans que la répartition des deux méthodes ne repose sur une véritable différenciation des terrains à lever. Ainsi, les feuilles de mon corpus dressés à partir de nouveaux levés exécutés entre 1930 et 1939 exploitaient pour la plupart un mélange de levés stéréotopographiques terrestres et aériens : Thonon (1938-1939), Samoëns (1938-1941), Cluses (1941-1943), St. Gervais (1942-1943) et Chamonix (1949).
Voir infra, partie 4, chapitre 2.3.
Voir supra, partie 3, chapitre 2.2.1.3, graphique 10.
Recordon dépendait de la 8e Brigade topographique de levés au 1 : 20 000 dirigée par le chef de bataillon Gendre en 1922, de la 7e Brigade en 1923 et de la 9e Brigade en 1924.
Rapp. SGA 1926-27, p. 23.
Les années données correspondent à l’année d’édition des différentes coupures au 1 : 20 000, publiées plus rapidement que la feuille du 1 : 50 000 couvrant la même région.