Chapitre 4. Géométrisation et formalisation de la représentation du relief : l’impact des nouvelles techniques.

Jusqu’à la fin du 19e siècle, la représentation cartographique du relief, en particulier pour la haute montagne, avait été dominée par une approche figurative entretenue par la conception fixiste de la cartographie et le désintérêt des utilisateurs pour ces régions. Mais à la fin du siècle, la perception du relief par les cartographes avait considérablement changé, provoquant la généralisation d’un mode de représentation géométrique : les courbes de niveau1115. S’il ne satisfaisait pas complètement les utilisateurs, en particulier au niveau de l’expressivité, ce mode de représentation s’intégrait parfaitement dans la mutation technologique des levés photographiques et de leur restitution mécanisée, qui permettait le tracé automatique des courbes. L’affirmation du caractère scientifique de la cartographie topographique – c’est-à-dire basée sur des mesures du terrain –, le début de l’industrialisation des levés topographiques du service officiel et l’activité plus artisanale des topographes-alpinistes dans les Alpes du nord initièrent ainsi une double dynamique de géométrisation accrue et de formalisation de la représentation du relief. La nouvelle carte de France au 1 : 50 000 en était l’expression la plus directe au sein du Service géographique de l’armée, mais la persistance d’une tradition figurative imposa un système de représentation particulièrement complexe, appelé type 1900, dont l’expressivité et le luxe se heurtèrent aux limitations de crédits et aux critiques concernant sa lisibilité et sa praticité. Au début des années vingt, les modifications qui aboutirent au type 1922 instituèrent un modèle durable, s’inspirant en partie des travaux des topographes-alpinistes, la collaboration de ces derniers avec le SGA sur les problèmes de représentation du rocher et d’expressivité du relief favorisant la persistance d’un héritage figuratif malgré l’affirmation d’une approche scientifique. Les nouvelles possibilités offertes par le développement de la stéréotopographie et la mécanisation du tracé des courbes de niveau furent à l’origine d’expérimentations dans l’automatisation de la représentation, qui ne furent jamais ni réellement adoptées ni définitivement abandonnées.

Notes
1115.

Plus précisément, les courbes de niveau filées sur le terrain ou extrapolées à partir d’un grand nombre de points déterminés par intersections ou procédés perspectifs.

Voir supra, partie 2, chapitre 4.