4.1.1.3. Courbes de niveau et métallographie, une réponse aux problèmes d’actualité et aux nouveaux besoins techniques.

Sur la nouvelle carte de France au 1 : 50 000, l’adoption des courbes de niveau équidistantes pour représenter le relief constituait également une rupture majeure avec la carte d’état-major. Elle était motivée à la fois par l’ambition scientifique de géométriser l’utilisation même de la carte, en particulier pour répondre aux nouveaux besoins techniques, les courbes permettant selon Berthaut « de donner les formes géométrales d’une façon plus claire et plus commode pour les divers travaux auxquels la carte à grande échelle [devait] servir de base »1127, et à la fois par le souci d’actualité de la carte sans cesse réaffirmé depuis la guerre de 1870, l’expérience de la carte d’état-major ayant montré que la révision des cuivres était particulièrement difficile et que la mise à jour de la planimétrie nécessitait trop souvent de « reprendre une telle quantité de hachures que le travail de gravure [revenait] presque, dans certains cas, à une réfection totale »1128.

Malgré l’attachement de nombreux cartographes aux hachures normalisées, jugées plus expressives, et à la gravure en taille-douce, jugée plus subtile, la nouvelle carte de France s’inscrivait aussi, pour ces deux domaines intimement liés de la représentation du relief et de la reproduction, dans l’évolution contemporaine de la discipline. Le rendement supérieur de la gravure et de l’héliogravure sur zinc avait déjà entraîné leur adoption pour les éditions dérivées du type 1889 de la carte d’état-major, et il justifiait également leur utilisation pour la nouvelle carte, d’autant plus que les courbes de niveau s’accordaient bien mieux à ce type de reproduction que les hachures, difficiles à distinguer des écritures dans la gravure sur zinc.

En ce sens, loin d’être la carte résolument innovatrice que certains voyaient en elle, la nouvelle carte de France type 1900 reprenait surtout des changements adoptés antérieurement dans d’autres productions du Dépôt de la guerre et du Service géographique de l’armée. Comme je l’ai déjà montré, ces changements s’inscrivaient dans l’affirmation d’une conception utilitariste de la cartographie, avec ses déclinaisons logiques qu’étaient la problématique de l’actualité de la carte et l’orientation industrielle des travaux. Je pense néanmoins que de multiples vestiges de la conception fixiste et figurative révélaient la nature « compilatrice » de la nouvelle carte.

Notes
1127.

BERTHAUT Colonel. La Carte de France. T.2. Op. cit., p. 343-344.

Voir aussi supra, partie 2, chapitre 4.3.3.

1128.

Ibid., p. 343.