4.1.2. Universalisme et figuratisme, l’héritage de la conception fixiste.

4.1.2.1. L’ambition d’universalité, négation de la spécificité des utilisations.

Si par certains aspects, la nouvelle carte de France se positionnait en rupture avec la carte d’état-major, elle présentait aussi des caractéristiques similaires qui témoignaient d’une certaine persistance de la conception fixiste. Au niveau des objectifs de la carte, le Service géographique de l’armée renouait explicitement avec la volonté jadis exprimée par le Dépôt de la guerre de produire une carte susceptible de satisfaire tous les services publics – si ce n’était tous les usagers. Il affirmait que « les caractéristiques de la carte du type 1900 avaient […] été arrêtées en cherchant à donner satisfaction à tous les desiderata exprimés par les divers Services publics au moment où sa publication avait été décidée »1129.

La carte d’état-major elle-même n’avait jamais atteint ce but, mais il avait été repris plus ou moins explicitement dans de nombreux argumentaires, généralement sous la forme de variation autour de l’idée avancée par Brossier en 1816 qu’une carte militaire réunissait tous les éléments nécessaires aux autres utilisations potentielles. La multiplication des cartes dérivées du 1 : 80 000 pour les besoins propres de certains services publics avait montré que le Dépôt de la guerre avait sous-estimé la spécificité des différentes utilisations. Je considère surtout que cette ambition d’universalité procédait en fait de la nécessité intrinsèque à la conception fixiste de donner un tableau unifié et figé du territoire, c’est-à-dire une représentation unique niant la spécificité des besoins.

Notes
1129.

Rapp. SGA 1920-21, p. 25.