4.2.1. Le type 1922, simplification pragmatique du type 1900.

4.2.1.1. Du type 1900 au type 1922, une succession de simplifications pragmatiques.

En 1912, après plusieurs années d’une lente publication des premières feuilles de la nouvelle carte de France, la Commission centrale des travaux géographiques proposa d’en modifier la facture afin d’accélérer sa réalisation, rendue particulièrement problématique par le refus du parlement de consacrer un budget spécifique à ces travaux. Elle envisagea donc la suppression ou l’allègement de certains signes conventionnels et la réduction du nombre de couleurs à sept, en ne conservant qu’un seul noir pour la planimétrie et l’écriture, un seul bleu pour l’hydrographie, et un seul vert pour les cultures, et en abandonnant l’estompage zénithal. Mais ces mesures ne furent finalement jamais appliquées : la guerre provoqua l’arrêt de la rédaction de feuilles qui suivaient encore les spécifications de 1900 et furent achevées dans le même type après l’armistice, en même temps qu’une nouvelle modification des spécifications était envisagée.

A la fin des hostilités, l’un des premiers travaux mis en route par le Service géographique de l’armée fut la publication d’une carte d’Alsace-Lorraine au 1 : 50 000. Conçue comme le prolongement de la carte de France type 1900, elle fut pourtant réalisée sur des principes originaux : pour répondre à l’urgence de la situation, plutôt que d’entreprendre une longue révision de la carte d’état-major ou d’attendre l’exécution de nouveaux levés topographiques, le SGA décida d’utiliser les minutes allemandes au 1 : 25 000, dont il disposait par application de l’article 52 du Traité de Versailles, pour dresser rapidement une première version de la carte. Son principal objectif était de rétablir la toponymie française, une première révision de terrain étant prévue immédiatement après la réalisation de la carte afin de la mettre totalement à jour. La première guerre mondiale ayant démontré l’importance d’une révision rapide et facile des fonds cartographiques, le SGA adopta un type simplifié pour la carte d’Alsace-Lorraine : seulement six couleurs, moins de signes conventionnels différents, caractères plus lisibles pour les écritures, utilisation préférentielle des procédés photomécaniques en place de la gravure1145.

Pour le SGA, « il apparut bientôt que cette lecture ainsi modifiée présentait d’incontestables avantages : abaissement très notable du prix de revient et par suite du prix de vente, permettant ainsi une diffusion beaucoup plus grande de la carte, mise à jour facilitée alors qu’elle apparaissait, avec le type 1900, extrêmement difficile et onéreuse. Cette constatation entraîna en 1922 l’adoption, pour l’ensemble de la carte de France au 50.000e, d’un nouveau type (dit type 1922) »1146, inspiré du type Alsace-Lorraine, mais ne comportant que cinq couleurs (un seul vert au lieu de deux) et utilisant la projection conique conforme de Lambert au lieu de la projection polycentrique1147. En 1924, il fut finalement décidé « qu’il ne serait plus entrepris de cartes dans l’ancien type [et que] la transformation en type 1922 des feuilles ancien type [serait] effectuée au fur et à mesure des révisions régulières »1148. Ainsi, la modification définitive du type 1900 avait été dictée par des impératifs essentiellement pragmatiques, liés aux conditions d’exécution et aux utilisations potentielles de la nouvelle carte.

Notes
1145.

Rapp. SGA 1920-21, p. 24-25.

1146.

Le SGA. Op. cit., p. 98.

1147.

Voir supra, partie 3, chapitre 4.1.1.2.

1148.

Rapp. SGA 1924-25, p. 175.