4.2.1.3. La carte de France au 1 : 20 000, nouvelle carte de base du territoire.

En 1921, en même temps qu’il imposait la modification profonde des spécifications de la carte de France au 1 : 50 000, le colonel Bellot avait décidé la publication systématique d’une carte de France au 1 : 20 000 en trois couleurs1156, en complément de la publication des plans directeurs monochromes directement tirés des minutes de levé. La carte de France au 1 : 20 000 devint rapidement la véritable carte de base du pays, même si la numérotation des feuilles et coupures suivait toujours le tableau d’assemblage de la carte au 1 : 50 000.

Les spécifications adoptées pour la nouvelle carte au 1 : 20 000 étaient particulièrement simples afin d’accélérer sa publication et d’abaisser le coût des feuilles. Dans la moitié nord de la France, la carte était éditée par quart de feuille du 1 : 50 000, numéroté 1-2, 3-4, 5-6, 7-8, alors que dans la moitié sud – et donc dans les Alpes –, chaque coupure correspondait à un huitième du 1 : 50 000, numéroté de 1 à 8. Contrairement aux plans directeurs en noir, qui continuèrent d’être imprimés jusqu’après la seconde guerre mondiale sous des formes variables (trente-deuxième, huitième ou quart de feuille du 1 : 50 000), la carte au 1 : 20 000 était dressée avec les trois couleurs déjà traditionnelles : noir pour la planimétrie, la toponymie et le rocher, bleu pour l’hydrographie et les glaciers, bistre pour les courbes de niveau des zones non rocheuses ni glaciaires. Gardant la même équidistance que le 1 : 50 000, soit dix ou vingt mètres selon les régions, elle était particulièrement claire et lisible, même si l’abandon de l’estompage et du vert pour la végétation la rendait moins expressive que le 1 : 50 000.

Cependant, plus facile et plus rapide à dresser que la carte au 1 : 50 000, elle fut rapidement publiée systématiquement avant celle-ci. Dans les Alpes en particulier, où les difficultés de levés ralentissaient notablement les opérations de terrain, les coupures du 1 : 20 000 étaient souvent éditées plusieurs années avant la feuille au 1 : 50 000 qui couvrait la même surface, la rédaction de celle-ci nécessitant de disposer des minutes de levés pour les huit coupures correspondantes du 1 : 20 000. De fait, à partir des années vingt, l’évolution de la carte de France au 1 : 50 000 se confondit avec celle de la carte au 1 : 20 000 dont elle découlait. Leurs spécifications relativement proches, d’autant plus proches même que certaines feuilles au 1 : 50 000 n’avaient ni vert ni estompage, répondaient à une volonté non seulement de simplification, mais aussi d’un début de normalisation des bases de la représentation cartographiques, reprenant en cela des principes adoptés par les topographes-alpinistes et les autres pays européens.

Notes
1156.

Rapp. SGA 1920-21, p. 97.