4.3. Les impossibles tentations d’une fausse automatisation.

A partir de l’adoption des levés de précision comme base à la carte de France au 1 : 50 000 et du début d’un véritable investissement du SGA dans la cartographie de la haute montagne, le service officiel rechercha « une formule rationnelle de figuration du rocher »1188. Les utilisateurs les plus exigeants, scientifiques et alpinistes principalement, rejetaient catégoriquement l’emploi d’un graphisme conventionnel pour représenter le rocher à la place d’un dessin en vue perspective des masses rocheuses, mais critiquaient aussi sévèrement la figuration à l’effet sur la carte d’état-major et les plans directeurs. Ils demandaient une approche à la fois scientifique et artistique, donnant « un dessin qui fût en même temps épure géométrique et portrait expressif »1189. Ne pouvant répondre à tous les besoins particuliers, le SGA tenta « d’arriver à une figuration assez simple pour qu’elle [pût], en demeurant en quelque sorte anonyme, permettre d’obtenir un dessin bien homogène de l’ensemble des feuilles, quel que [fût] le topographe appelé à dresser chaque mappe », « en réduisant la part d’interprétation personnelle de chaque opérateur »1190, tout en essayant de ne pas en faire un simple signe conventionnel. Cette volonté de rationalisation et de dépersonnalisation de la représentation du rocher participait d’un refus plus général d’une spécialisation de la topographie de haute montagne, et d’un souci d’industrialisation du processus cartographique apparu avec ce que j’ai appelé la tentation topométrique dans les levés de précision1191. Dans les années vingt, cette volonté investit logiquement les nouvelles possibilités de mécanisation du tracé des courbes de niveau offertes par le stéréoautographe. Mais cette orientation fondamentale du SGA fut limitée par l’influence encore importante des topographes-alpinistes et les limites technologiques de ce qui n’étaient pas une véritable automatisation.

Notes
1188.

GENDRE F. La feuille de « La Grave ». Op. cit., p. 250.

1189.

ALINHAC Georges. Histoire de la cartographie des montagnes. Op. cit., p. 7.

1190.

Rapp. SGA 1924-25, p. 35.

1191.

Voir supra, partie 2, chapitre 4.3.2.1.