4.3.1. Les expérimentations permises par le tracé mécanique des courbes de niveau.

4.3.1.1. Les nouvelles possibilités du stéréoautographe : une fausse automatisation.

A partir de 1922, l’utilisation du stéréoautographe pour restituer les levés photographiques alpins modifia profondément les conditions de représentation cartographique des masses rocheuses. En permettant de tracer mécaniquement les courbes de niveau à partir de clichés stéréophotographiques, cet instrument supprimait les limites traditionnelles à la représentation des zones inaccessibles. Pour obtenir des courbes précises, il n’était plus nécessaire de les filer ou de déterminer un grand nombre de points d’intersection, particulièrement difficiles à observer sur des surfaces rocheuses, par des longues opérations de terrain. Un seul couple de photographies permettait d’obtenir un tracé précis et géométrique sans intervention manuelle de l’opérateur dans le tracé lui-même.

Cette mécanisation du tracé fit naître la tentation d’une représentation topométrique du relief par la généralisation de l’emploi des courbes de niveau à tous les types de terrain, en particulier au rocher traditionnellement représenté par des signes conventionnels ou un dessin à l’effet. J’émets l’hypothèse que cette tentation procédait en fait d’une confusion souvent rencontrée dans les textes contemporains, entre la mécanisation du tracé, qui nécessitait toujours une intervention humaine, et son automatisation fantasmée, dans laquelle la carte topographique serait produite directement à partir des clichés photographiques. Une telle automatisation aurait permit d’envisager la rationalisation complète de la représentation cartographique souhaitée par le SGA, en supprimant toute interprétation du relief sur la majorité de la surface couverte, restituée avec succès au stéréoautographe.